Mémoire de St Au – 04/03/18

Une paroisse qui se consolide et qui discerne

Ce qui définit le mieux les vingt premières années de Saint Augustin c’est une formidable effervescence. Dans un contexte général de remise en cause systématique de toute institution, elle s’explique sans doute par l’adhésion enthousiaste à la redécouverte de l’importance du sacerdoce commun des baptisés lors du concile Vatican II. Cette période de notre histoire a donc minimisé de manière un peu excessive le rôle essentiel du sacerdoce ministériel, et sa spécificité dans la construction de la communion. Au point que ce déséquilibre a pu faire fuir un certain nombre de paroissiens qui ne retrouvaient pas leurs repères traditionnels dans le spontanéisme liturgique qui caractérisait alors notre paroisse.

Puis le temps est venu d’une certaine sérénité. On a rigidifié ce qui avait été effervescence. Ce qui était en continuelle naissance est devenu la norme. Ce qui était idéologique avait disparu. Les révolutionnaires se sont essoufflés parce qu’ils se contentaient de parler et de revendiquer. Après avoir décliné les verbes « dire » et « faire », la paroisse apprenait non sans mal le verbe « être ».

Sur le plan sociologique, la paroisse avait vieilli. Le jeunisme n’était plus de mise.

Mais l’héritage était là, et ce qui avait été imaginé avant s’est peu à peu consolidé. De nombreux laïcs se sont investis dans une foule de responsabilités : les paroissiens se sont révélés. La paroisse est devenue plus adulte, plus responsable mais aussi plus proche de l’église diocésaine. Pendant un temps, il était de bon ton de dire : « A St-Au, on a tout ce qu’il faut chez nous ! ». Et la réponse venait, ironique : « St-Au, la paroisse qui se prend pour le diocèse ! » Alors, ce rapprochement avec l’église diocésaine s’est faîte de différentes manières. Il y a eu en particulier la formation des accompagnants des familles en deuil, qui s’est faite en collaboration avec le diocèse. Dans notre paroisse, cela a donné naissance par la suite au groupe Obsèques, avec la nomination de guides d’obsèques.

Ce fut aussi l’organisation de l’instance de formation pour les jeunes, la relance de l’aumônerie, la mise en place d’ateliers de formation, au niveau biblique ou au niveau théologique (une quarantaine ont été organisés dans les années 80) complétés par une une soixantaine de conférences et manifestations culturelles.

La première onction de malades au cours d’une messe dominicale a été célébrée en 1999. Ce fut un tournant dans la vie de la paroisse : la pastorale n’était plus exclusivement tournée vers les jeunes, pour la première fois depuis la naissance de la paroisse !

D’une manière plus générale, la paroisse est allée de plus en plus vers les souffrants : c’est l’accueil des boat-people qui a donné par la suite l’Association « Accueillir et partager », c’est l’implication de notre paroisse dans l’aumônerie de l’hôpital psychiatrique, c’est la mise d’un place de groupe de prière… Il y a bien d’autres exemples…

Et puis, il y a eu le long murissement commencé à l’échelle du diocèse, qui s’est poursuivi au niveau de la paroisse avec beaucoup de questionnements et qui a abouti en 1982 à l’appel au diaconat de Paul Bosse-Platière, suivi 5 ans plus tard par Paul Henry. Il a fallu ensuite attendre 2006 pour recevoir Vincent Massard comme diacre et 2013 pour Vincent Hallaire.

Tout ce qui a été positif dans notre paroisse a parfois été contrebalancé par des excès et sans doute une certaine forme d’autarcie. Pour cela, nous demandons pardon au Seigneur, mais aussi à nos frères et sœurs qui ont pu se sentir exclus.

Avec les pères qui ont su faire fructifier l’héritage reçu de leurs prédécesseurs, Bernard Lemoine, Robert Tireau, Jacques Pichevin, pour tout le bien reçu, Seigneur, nous te rendons grâce.