Mémoire de St-Au – 18/02/18

Emergence d’une communauté, émergence des solidarités

La paroisse Saint-Augustin est née au printemps 1968, dans les soubresauts d’une période très agitée sur le plan politique et social, et peu après le concile Vatican II qui s’est achevé en décembre 1965. C’est donc un contexte très particulier qui entoure cette naissance, mais aussi un lieu particulier tout prêt du nouveau lycée Chateaubriand et au bord du campus de Beaulieu en cours de peuplement par les étudiants.

En 1968, il n’y a pas eu de consécration officielle de la paroisse par l’évêque. C’était la volonté de rompre avec les usages anciens. Pour l’installation des cloches en juillet de la même année, il n’y a pas eu non plus de cérémonie particulière.

En ce printemps de 1968, Il arrivait que des tracts dits « révolutionnaires » soient tirés à St-Augustin, ce qui valut à la paroisse une descente des Renseignements Généraux pour information.

Le sentiment qui dominait alors, c’était qu’il fallait tout refaire. L’église se remettait en cause certes, mais en ce qui concernait ses structures celles-ci paraissaient ne plus avoir de sens. Puisque la Parole de Dieu est vivante, elle doit passer par de nouveaux canaux, à construire ; c’est probablement à ce niveau que se situe l’intuition fondamentale de St-Au.

La paroisse a été officiellement autorisée à expérimenter pour rénover la liturgie. On a parlé de paroisse expérimentale, mais Mgr Gouyon, pour sa part et avec un brin d’humour parlait de sa « paroisse protestante » ! Dans le même temps, les chants en latin ont été exclus du répertoire de la paroisse et on a rajouté : pas de chorale, pas d’enfants de chœur et un plus tard, jugeant que la quête était bruyante au moment de l’offertoire, celle-ci été reléguée à la fin de la messe avec des corbeilles qui ne circulaient pas mais qui étaient à côté des portes de sortie.

C’était l’époque où l’on voyait les dessins des parpaings sur les murs, la croix était encore noire et la Vierge Marie n’avait pas encore déménagé à l’oratoire ; les marches du chœur étaient encore visibles, les bancs n’avaient pas encore été sciés et le narthex était ouvert à tous les vents. Et pour entendre la bonne parole : un seul haut-parleur en forme de casquette ! Beau, mais inutile !

Justement, la bonne parole ! La parole était donnée à qui la voulait, sans aucun contrôle. Cela plaisait ou pas. Il n’était pas rare de voir des gens quitter la messe en cours de route (souvent au moment de l’homélie) parce quelque chose ne leur avait pas plus. Et pour ceux qui ne s’y retrouvaient pas, il y avait des réunions sous l’église, pendant la messe. Bien sûr, ce n’était pas sans poser quelques problèmes parce qu’il pouvait y avoir confusion entre l’annonce de l’évangile et la défense d’une certaine idéologie. En effet, le partage était souvent réduit à un partage de parole très humaine, sous l’horizon des idéologies alors dominantes. Il ne faut donc pas s’étonner d’avoir vu le mur de l’église côté rue Mirabeau tagué en rouge d’un beau « A bas les curés rouges ». C’était en 1972. Cependant, de ces déviations est née une soif de mieux connaître l’Ecriture dont nous voyons aujourd’hui mûrir les fruits.

Dans cette quête vers du nouveau, la paroisse Saint-Augustin était en étroite relation avec la paroisse Saint-Méry à Paris où se vivaient sensiblement les mêmes choses et avec qui les échanges étaient nombreux.

Mais le fond dominant était : tout le monde a sa place, quelle que soit sa sensibilité, quel que soit son niveau de connaissance biblique ou théologique, quel que soit son « niveau de foi ».

Cette intuition de St-Au de vivre des solidarités concrètes, avec beaucoup de tâtonnements, constitue très certainement une des pierres fondatrices de notre paroisse et l’on voit bien comment cela s’est développé au cours des décennies suivantes.

Premières années peut-être un peu brouillonnes, mais tellement riches d’ouverture et de fécondités! Avec l’assurance aussi que l’Esprit Saint était à l’œuvre à St-Au !

Avec les pères qui ont cheminé avec nous au cours de tout ce temps, Robert Lemarié, Louis Leblanc et un peu plus tard Francis Méhaignerie, et pour tout cela, Seigneur, nous te rendons grâce.