Lors du 2ème dimanche de l’Avent, des membres des Collectifs du 6 sont venus témoigner de leur parcours et de ce qu’ils vivent dans ces collectifs.
Vous trouverez ci-dessous leurs témoignages.
Nous formons une communauté qui a pour nom « Source vive ». Nous nous réunissons chaque dimanche alternativement pour une célébration de la Parole ou une célébration eucharistique.
Chaque année, , on quitte Rennes, le premier dimanche de Carême dans un lieu d’accueil pour nous préparer à la fête de Pâques. Chaque 3ème dimanche de Septembre, nous faisons une marche pèlerinage vers une chapelle.Chaque grande fête liturgique : Noël, Pâques, Pentecôte, on se rassemble un dimanche après-midi pour partager à partir d’un texte de cette fête et élaborer un symbole en vue de la célébration.
Quelques-uns d’entre nous ont fait des cheminements vers la baptême, la première des communions et la confirmation. Quelquefois, il y a des jeunes qui se préparent à être prêtres qui participent une ou deux fois à notre communauté.Notre communauté, nous la trouvons fraternelle, chaleureuse, humaine, ouverte à toute personne qui connaît des difficultés dans sa vie. Elle est accueillante, simple.. On s’accepte les uns les autres tel que l’on est. On s’apprécie, on s’écoute.
Dans la communauté, on m’a accompagnée pour ma communion et ensuite ma confirmation. Je l’ai fait parce que j’ai trouvé cette communauté accueillante et chaleureuse. Pour moi, c’était important d’être entourée de personnes de la communauté à ma première communion et à ma confirmation.
Ma foi a progressé dans l’accueil de Jésus et de Marie. Je demande à Marie de dire à son fils tout ce qui me tient à cœur pour le bien de ma famille. Je la prie beaucoup. Je remercie pour toutes les grâces que Jésus et Marie m’accordent.
La rencontre avec la communauté m’a aidé dans ma foi en Dieu. On m’a acceptée tel que j’étais avec ma maladie. La communauté m’a redonné confiance en moi. Dans la communauté, j’ai trouvé une famille qui me manquait. Elle m’a fait grandir en tout. Elle m’a épanouie. J’ai pu retrouver un bon lien avec ma fille.
J’ai été 4 ans dans la rue dans le département de la Sarthe. J’ai vécu une semaine dehors dans les cabines téléphoniques avant d’aller habiter avec un autre SDF dans un squat situé dans un bois.
Ce qui m’a fait du bien, c’est la venue vers moi d’un jeune de 14 ans. Il m’amenait des choses qu’il récupérait auprès de ses parents. Il voulait que je sois son 2ème père. Le week-end, on était nourri par 2 policiers qui habitaient tout près de notre squat.
Dans le film qui s’appelle « le sac ma maison », il y en a qui ont vécu des choses pires que moi. Ils le racontent dans le film. Ils disent aussi comment ils ont réussi à obtenir un logement et à se sortir de la rue.
Ce film a été diffusé surtout dans des salles de cinéma d’Ille et Vilaine et en dehors du département. Il l’a été autour de 40 fois. A chaque fois, des copains qui avaient témoignés dans le film étaient présents pour échanger avec celles et ceux qui étaient venus le voir. Il y avait beaucoup de questions auxquelles on répondait. C’était de belles rencontres, dans une bonne ambiance.Cà m’a permis d’avancer et de participer actuellement à trois associations : le collectif Dignité-Cimetière, le Secours Catholique et ATD Quart Monde. J’aime bien rendre différents services dans ces associations. Cà me change les idées, de voir du monde, d’être occupé. Je suis devenu moins violent.
Je participe à la vie de 2 communautés : celle de Saint Clément et celle du « 6 ». J’aime bien participer à des messes.
Je suis entré dans la communauté grâce à Philippe. Je m’étais un peu égaré bien que je priais. Je ne pratiquais plus.
J’ai connu la rue quelques mois. Je me suis senti obliger de partir de chez moi suite à une séparation puis à un divorce. J’ai connu beaucoup de copains à la rue. J’ai dormi à la rue. J’ai eu des hébergements d’urgence. Je n’ai pas voulu que mes enfants le sachent, ni mes soeurs. Je n’ai voulu inquiéter personne. J’ai voulu me débrouiller seul.
J’ai retrouvé la foi grâce à la communauté. J’ai fait du chemin avec Dieu. C’est Lui qui m’aide aujourd’hui. J’ai avancé avec Jésus. Je lui demande de continuer à poursuivre mon chemin de croyant. Je ne suis plus capable d’arrêter mon lien avec cette communauté dans laquelle je me sens bien.
Grâce à ma foi, j’ai retrouvé le contact avec mon ex-compagne avec qui j’ai vécue 38 ans. Quand j’ai repris le lien avec Dieu, mon ex a été surprise.
Le collectif Dignité-Cimetière est né de 2 colères chez les personnes à la rue. La première, quand Jean-Marie a été reconnaître son ami Daniel dans une chambre funéraire : il allait être inhumé avec ses habits sales. C’était en 1983.
Une autre colère cette fois collective en 1998. Les personnes à la rue voyaient les tombes de leurs camarades sans identification et sous un tas de terre avec un numéro. Ils disaient : »On est enterré comme des chiens ! »
A la suite de cela, le collectif Dignité-Cimetière est né avec 25 personnes soutenu par l’association CLCV (logement et cadre de vie). Le collectif a été reconnu comme interlocuteur par la ville de Rennes à partir de 1998. Des échanges ont abouti à la signature d’une charte le 22 Octobre 2002. Elle garantissait l’aménagement des tombes, leur identification, la mise à disposition d’une parcelle de terre pour la culture de fleurs par le collectif, et la publication dans le journal Ouest-France d’un faire part gratuit pour chaque obsèques. Cette charte s’est enrichie de nouvelles dispositions en 2015 dont la crémation et l’inhumation de l’urne dans une tombe aménagée et identifiée.
D’autres collectifs sont nés en Ille et Vilaine : Fougères, Vitré, Redon, Bain de Bretagne, Vern sur Seiche, Chateaugiron et ailleurs en Bretagne : Saint Brieuc, Brest, Auray et Vannes. Le département aussi s’est engagé avec nous pour une charte « obsèques dignes et sépulture décente » signée actuellement par 41 communes.
Pour moi, ce n’est pas un engagement, mais une mission. Je ne peux pas laisser une personne partir seule pour une tombe abandonnée. C’est une personne humaine qui est partie. Ce n’est pas parce que la personne n’a pas d’argent qu’elle doit être oubliée.
Quand ce sont des obsèques de quelqu’un que j’ai connu, je suis très triste. On a eu des années de partage avant. C’est plus difficile pour moi à ce moment là.
C’est la dignité humaine qui est en jeu. Quand on naît, on a une famille. Alors quand on part, on ne doit pas être seul.
Aujourd’hui, encore, des personnes partent seules. C’est inadmissible. Notre mission, c’est d’agir pour le respect de la dignité de chaque personne.
Ce serait bien quand une personne isolée a des obsèques à l’église, qu’elle soit entourée par des chrétiens de la paroisse. C’est dans les gènes de nous, croyants, d’être plus motivés pour accompagner ces personnes. Ce n’est pas parce qu’elles ont tapé les pieds dans les cailloux, qu’elles ne doivent pas être entourées.
C’est dans les gènes de ma foi de m’engager pour mes frères humains. Dieu accueille tout le monde. Le Seigneur ne fait pas de différence. Ce serait bien qu’on en fasse autant personnellement et en communauté.