Première lecture : Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp » (Lv 13, 1-2.45-46)
Deuxième lecture : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 10, 31 – 11, 1)
Evangile : « La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)
« Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha,… »
Jésus croise un lépreux et le touche. Avez-vous déjà croiser un lépreux ?
Un jour, j’ai traversé une léproserie, à Madagascar. Une léproserie modèle, très propre :
une chambre pour chaque résident, des locaux adaptés pour les soins, le tout bien aménagé.
Il avait beaucoup plu ce jour-là. Une partie de la route dans la léproserie était inondée.
Il a fallu traverser une partie de la léproserie dans l’eau stagnante jusqu’aux genoux.
Je peux vous assurer que nous nous sommes désinfecté très soigneusement …
Puisque la lèpre est une maladie très proche de la tuberculose, voici une autre histoire.
Dans le service de pneumologie, il y a régulièrement 1 personne hospitalisée en isolement pour tuberculose contagieuse. Le personnel se protège avant d’entrer dans la chambre.
Malgré cela, de temps à autre, un membre du personnel est touché par la tuberculose. Le Père Morand, prêtre responsable de l’aumônerie des malades, visitait tous les jours les malades à leur demande. Il visitait les malades tuberculeux contagieux sans aucune protection. Le masque sur le visage lui semblait incompatible avec une relation en vérité avec les malades.
Il était lui-même insuffisant respiratoire sévère et très malade.
Il prenait un risque pour sa vie dans cette relation qu’il voulait vivre en vérité.
L’Évangile d’aujourd’hui invite à contempler Jésus pris de compassion qui touche le lépreux.
Et tout est dit. Car la compassion fait faire à Jésus ce geste interdit par excellence : il touche le lépreux. Pour Jésus de Nazareth, ça pourrait être une erreur, puisque ce geste le rend impur.
Pour Dieu c’est le signe ultime de son amour.
Le signe qu’il se donne totalement à qui se confie à lui. Même au risque de sa vie.
Parce qu’il est plein d’amour et de Miséricorde, parce qu’il est compatissant.
Regardons un peu ce mot un peu compassé de compassion, un mot compassé, passé de mode.
Dans les formations pour les soignants, c’est un mot à éviter absolument, trop « connoté ».
On préfère le mot empathie, et, si vous voulez être un soignant au goût du jour, je vous conseille de dire que vous avez de l’empathie pour les personnes que vous prenez en soins.
Pourtant, il s’agit bien du même mot, fabriqué sur la même racine :
un préfixe qui signifie ensemble, et la racine -passion ou -pathie
(passion du verbe latin pati, souffrir et pathe du grec souffrance).
Dans la même famille, construit de la même façon, vous connaissez le mot sympathie.
Ici, dans la nouvelle traduction liturgique, on ne dit pas que Jésus « a » de la compassion.
Le traducteur écrit que Jésus est « pris » de compassion. C’est-à-dire pris en totalité.
C’est plus fort que lui-même. Le fils du charpentier est envahi par cette émotion.
L’Évangile de Marc est très court et il dit beaucoup de choses en peu de mots.
Or Marc utilise ce mot dans ce 1° chapitre de son Évangile pour présenter Jésus.
Le mot compassion est un mot important dans l’Ancien Testament
utilisé seulement pour désigner Dieu lui-même.
Pour le lecteur averti, cette utilisation du mot compassion
désigne donc Jésus en tant que Fils de Dieu.
Le mot traduit par « saisi de compassion » ou « pris de compassion », ou « pris de pitié » est un mot grec imprononçable qui a donné en français le mot « splanchnique » associé à tout un vocabulaire en anatomie humaine : le nerf splanchnique, la veine splanchnique, l’artère splanchnique, et les ganglions splanchniques. Tout cela en plein milieu de notre abdomen. Quand un médecin parle de douleur splanchnique, c’est une douleur péritonéale intense violente, profonde, en plein abdomen. Quand l’évangéliste décrit Jésus saisi de compassion, il utilise ce mot qui signifie Jésus « pris aux tripes » : Jésus a mal devant cette souffrance.
Il participe pleinement à la souffrance de celui qui se confie à lui. Dans cette douleur partagée avec celui qui souffre, Jésus révèle sa nature divine et la Miséricorde de Dieu. Pris au plus profond de sa nature divine, Jésus ne peut pas faire autrement que d’étendre la main (comme sur le tableau de la création par Michel-Ange, sur le plafond de la chapelle Sixtine). Et Dieu toucher l’homme blessé pour lui rendre son humanité. Dans ce geste impossible et interdit par la Loi, Jésus révèle la présence de Dieu auprès du plus rejeté de la société.
Par ce malade, Dieu crée un lien entre l’humanité et la divinité.
Il y a donc une sorte de filiation, entre cette émotion qui prend Jésus et qui peut nous prendre et la réalisation de la Miséricorde de Dieu,
c’est-à-dire la réalisation du lien entre L’Humanité et la divinité.
Nous vivons quelquefois dans nos vies des émotions qui nous prennent en totalité.
Dans un autre ordre d’émotion, l’amour amoureux est aussi signe de la présence de Dieu.
La vraie grande compassion est un mouvement rare de l’âme, de l’esprit et du corps.
Un sentiment qui nous prend en totalité et qui révèle en nous la flamme de l’Esprit Saint.
Dieu se révèle au plus fragile, par les plus faibles.
Nous sommes invités à contempler Jésus dans ce mouvement de compassion,
à participer à ce mouvement d’émotion,
et c’est un chemin pour être aujourd’hui des visages de Jésus, nous aussi
pour révéler la présence de Jésus, vivant aujourd’hui.
Il ne s’agit pas seulement d’être gentil, parce que c’est mieux comme ça.
Il s’agit bien de révéler la présence de Dieu.
Ce qui arrive au lépreux de l’Évangile, c’est évidemment ce qu’il peut nous arriver de mieux :
croiser un regard de vraie compassion, d’amour et de vérité,
une présence vivante du Christ aujourd’hui
et accepter d’être touché pour enfin être purifié.
Tout à l’heure, bientôt, des personnes malades vont ici être touchés par le prêtre,
signe la présence de Dieu, et ils ont accepté de le faire publiquement
en quelque sorte pour nous montrer le chemin que nous avons à suivre chacun.
Chemin qui révèle la présence de Dieu vivant aujourd’hui.
Sur nos chemins de vie, nous sommes invités à dire
au plus profond comme le lépreux :
« Si tu le veux, Seigneur, tu peux me purifier. »
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.