Première lecture : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Ac 2, 14a.36-41)
Deuxième lecture : « Vous êtes retournés vers le berger de vos âmes » (1 P 2, 20b-25)
Evangile : « Je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10)
Les textes de ce dimanche nous parlent de berger et de brebis. Ces mots étaient beaucoup utilisés dans le pays et au temps de Jésus lorsqu’il s’est révélé aux hommes. Ils avaient une vraie signification symbolique pour évoquer celui qui guide son troupeau, qui prend soin de ses brebis. Le rôle du berger a toujours été de s’assurer que son cheptel est en sécurité et qu’il a de quoi manger.
Les temps ont changé et même s’il existe toujours des bergers, on entend davantage parler de “coaching”. Ce mot venu des Etats-Unis dans les années 60, désignait au départ une méthode d’accompagnement pour les sportifs. Aujourd’hui, il s’est banalisé et on l’utilise dans de nombreuses activités et même pour orienter sa vie.
Le point positif est que nos contemporains ont conscience qu’ils ont besoin d’un autre (et pourquoi pas du “Tout Autre” ?) pour grandir et acquérir un savoir faire ou un savoir être.
Le point négatif, c’est que n’importe qui aujourd’hui peut se désigner comme un “coach” pour percevoir un revenu et parfois même, ce qui est beaucoup plus grave, pour asseoir son pouvoir sur des personnes fragiles en quête de sens ou de reconnaissance.
Il y a abondance de l’offre, sur un marché où il y a abondance de la demande, car de nombreuses personnes sont désorientées et cherchent un sens à leur vie.
Alors quel guide est digne de confiance ? Quel guide est en mesure de me conduire sur le bon chemin ? Comment discerner cela ?
Déjà les pharisiens, en leur temps, attendaient un messie qui devait délivrer Israël et, à raison sans doute, ils étaient très méfiants vis à vis des charlatans potentiels prétendant être ce messie.
Jésus leur donne donc une parabole pour leur donner des critères de discernement.
Premier critère de discernement : le bon pasteur est celui qui nous montre une direction qui a du sens, une direction qui nous met en route librement. De nos jours, dans le jargon des entrepreneurs, on dirait qu’il a “une vision”.
La première lecture nous dit que “Les auditeurs furent touchés au cœur”.
Jésus, lui aussi, touchait les cœurs. Sa parole nous rejoint dans notre intimité profonde, ce vers quoi nous aspirons. “les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.” nous dit Jésus et c’est la voix du cœur.
A contrario, “celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.” Autrement dit, le faux guide va vous rejoindre non pas au niveau de votre cœur profond, mais au niveau de vos peurs, vos angoisses, vos envies, votre jalousie. Le faux guide sera accusateur, diviseur, menteur. Ce sont les attributs souvent donnés au malin.
Jésus prend l’image du voleur qui vient piller votre bien le plus profond, votre identité. Or votre trésor, c’est votre cœur (Mt 6, 21).
C’est donc ce cœur qui est l’unique porte par laquelle peut entrer le bon pasteur. Il entre sans “escalader” (c’est à dire sans nous faire violence) car il rejoint alors notre désir profond d’exister, d’être aimé. Il parle d’abord à notre être avant de parler à notre désir d’avoir ou de faire.
Le bon pasteur respecte notre liberté. Il ne nous impose jamais un chemin mais il nous donne une direction, un horizon qui nous parle. Et Il nous laisse libre de le suivre ou pas
Deuxième critère de discernement : le bon pasteur est celui qui nous précède et il est exemplaire. En lui, pas d’incohérence entre ce qu’il pense, ce qu’il dit et ce qu’il fait. Pierre, lui qui l’a vu, entendu et touché nous le redit dans sa lettre : “Il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces. Lui n’a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice.”
Le bon pasteur est celui qui va jusqu’à “donner sa propre vie pour ses brebis” (Jn 10, 11). Ce n’est pas un mercenaire (Jn 10, 13). Il ne sert pas d’abord ses intérêts mais il se met au service de ses brebis, en se donnant totalement.
Troisième critère de discernement : “Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom”. Pour Jésus, chaque brebis est unique et il en prend soin comme si elle était la seule qu’il possédait. Il nous le redit clairement dans la parabole de la brebis perdue (Lc 15, 3). Il ne nous aime pas de manière anonyme, il nous aime individuellement, personnellement, tel que nous sommes et en vérité, et non pas tel qu’il voudrait que nous soyions.
Nous avons tous ce chemin à parcourir dans nos relations en couple, en famille ou entre amis, d’apprendre à aimer l’autre en vérité et pas tel que nous voudrions qu’il ou elle soit. A ce propos, je vous propose de lire ce magnifique témoignage d’une femme qui prend conscience de l’amour unique de Dieu pour elle (tiré du livre du père Caffarel intitulé “Présence à Dieu”, page 48).
Aimer en vérité une autre personne, c’est chercher à la rencontrer dans son unicité et non pas chercher à la changer. Le pape François nous le redit dans Amoris Laetitia (au n°138) : “Il est possible de reconnaître la vérité de l’autre, l’importance de ses préoccupations les plus profondes, et l’arrière-plan de ce qu’il dit, y compris au-delà des paroles agressives. Pour y parvenir, il faut essayer de se mettre à sa place et interpréter ce qu’il y a au fond de son cœur, déceler ce qui le passionne, et prendre cette passion comme point de départ pour approfondir le dialogue.”
Quatrième critère de discernement : Jésus rappelle que le bon pasteur est celui qui “fait sortir” les brebis de leur enclos pour “trouver un pâturage”. Le pâturage, c’est le bonheur donné par Dieu. Le faux pasteur, lui, “ne vient que pour voler, égorger, faire périr”. La volonté de Dieu c’est qu’aucun de ses enfants ne se perde (Jn 6, 39). Il est venu pour que nous ayions “la vie en abondance”. Il accomplit en ceci la promesse faite à Abraham et à Moïse de nous mener vers une terre fertile, vers un lieu de vie en plénitude et de paix ou nous pourrons nous reposer.
Pour cela, il faut accepter de “sortir” de sa zone de confort, de se laisser déranger. Le bon pasteur est celui qui fait grandir en nous l’espérance, mais qui exige de passer parfois par un chemin difficile et escarpé. Attention aux portes trop faciles à ouvrir et qui au final nous ouvrent aux esclavages et aux galères !
Le pape Jean-Paul II le rappelait lors d’un rassemblement des JMJ : “Vous devez trouver que je suis un ami exigeant ?” et il ajoutait après un court silence : “Ce qui a de la valeur coûte toujours !”.
La “petite sœur espérance” chère à Peguy ne peut pas agir sans la docilité et l’humilité des brebis. Le psaume nous le redit, nous pouvons mettre notre espérance en Lui, quand bien même “nous traversons les ravins de la mort” parce que “son bâton nous guide et nous rassure”. C’est la deuxième béatitude, celle de la douceur, qui nous fera “posséder la terre” promise. Et nous savons que le bon pasteur n’abusera pas de notre docilité, car lui même est “doux et humble de coeur” (Mt 11, 29).
Enfin, le dernier critère de discernement, c’est que le bon pasteur ne part pas avant d’avoir fait sortir toutes ses brebis. Si nous sommes sauvés, c’est tous ensemble que nous le serons. Il n’a pas “un taux de perte toléré” puisque chacune est importante, unique et irremplaçable. Il n’y a pas d’un côté une partie du troupeau qui mérite d’être sauvée et de l’autre une partie qu’on peut abandonner sous prétexte qu’elle est hors norme ou trop faible. Le bon pasteur est celui qui rassemble son troupeau, pas celui qui divise.
Jésus nous le redit un peu plus loin dans l’Evangile de Jean : “il y aura un seul troupeau et un seul pasteur” (Jn 10, 16).
Voilà donc quelques critères de discernement qui peuvent nous éclairer. Et, en cette période de confinement, propice à une plus grand intériorité, demandons nous quels sont les faux pasteurs, les mercenaires, “qui entrent dans l’enclos des brebis sans passer par la porte”.
Soyons vigilants et attentifs à certains signaux faibles (vocabulaire utilisé, injonctions contradictoires qui nous paralysent, manque de confiance envers les autres, …), car il existe aussi des séducteurs qui cachent bien leur jeu et peuvent acquérir un certains pouvoir sur nous de manière insidieuse (publicité, jeux vidéo, fournisseurs de services Internet, gourous et experts en tous genre).
La crise que nous vivons en ce moment promet des lendemains difficiles. Elle est l’occasion de relire ces critères de discernement pour nous aider à décider quels pasteurs méritent d’être suivis. Car certain(e)s en profiterons pour “escalader par un autre endroit”.
Certes, parce que nous sommes chrétiens, nous croyons qu’il n’y a qu’un seul “bon” pasteur, Jésus Christ. Mais celui-ci nous a dit qu’il était nécessaire qu’il parte afin que son Esprit puisse se manifester en nous. Il va même au delà, lui l’unique pasteur, nous a promis que “celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père” (Jn 14, 12).
L’histoire est riche de personnalités qui ont manifesté jusque dans leur chair l’Esprit du Christ, l’Esprit du bon pasteur, qui donne sa vie. Il y a les nombreux témoins de l’Eglise comme Saint François d’Assise ou le père Popieluszko (et tous ceux dont le nom restera inconnu). Plus proche de notre époque et hors de l’église catholique, ils sont nombreux également : Jean Moulin, Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela et bien d’autres encore.
Chacun de nous, là où il se trouve, peut également y être appelé un jour.
A défaut d’être un bon berger, tâchons d’être une bonne brebis (et surtout pas un mouton de panurge), celle qui n’écoute pas la voix des “voleurs et des bandits”, mais qui écoute la voix du “bon” pasteur. Cette voix que notre cœur profond connaît déjà et qui “nous conduit par le juste chemin” (Ps 22).
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.