Première lecture : David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)
Deuxième lecture : « Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)
Evangile : « Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-411)
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Il m’a ouvert les yeux
Hier (avant-hier) le Pape a reçu les chefs des états qui constituent l’Europe à l’occasion du 60° anniversaire de la signature des traités de Rome. Au cours de cette réception, le Pape François a prononcé un discours qui réaffirme le soutien du Saint-Siège à la construction de l’Europe ; il concluait par ces mots : « je pense que l’Europe mérite d’être construite. » De leur côté, les évêques de France affirment : « Nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir d’avenir pour notre pays que dans une Europe forte et consciente de son histoire et de ses responsabilités dans le monde. » Et nous venons d’entendre le récit de la guérison de l’aveugle-né par Jésus … Est-ce qu’il y a un lien, une relation entre ces deux univers, l’un éminemment politique et contemporain, l’autre essentiellement théologique et atemporel ?
Ecoutons ce que dit à ce propos le pape François : « Revenir à Rome 60 ans après ne peut être seulement un voyage dans les souvenirs, mais bien plutôt le désir de redécouvrir la mémoire vivante de cet évènement pour en comprendre la portée dans le présent. Il faut se resituer dans les défis de l’époque pour affronter ceux d’aujourd’hui et de demain. Avec ses récits pleins d’évocations, la Bible nous offre une méthode pédagogique fondamentale : on ne peut pas comprendre le temps que nous vivons sans le passé, compris non pas comme un ensemble de faits lointains, mais comme la sève vitale qui irrigue le présent. Sans une telle conscience la réalité perd son unité, l’histoire son fil logique et l’humanité perd le sens de ses actions et la direction de son avenir. » Ainsi donc, la Parole de Dieu proclamée et entendue aujourd’hui nous éclaire sur la vie que nous menons ; vie personnelle, vie chrétienne, vie familiale, vie communautaire, vie sociale, vie politique … Oui, mais comment précisément ?
Reprenons l’évangile. Avant tout, il est question de la rencontre de deux hommes ; l’un est le Christ, le Messie, le Fils éternel du Père qui a pris chair, du Verbe, la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme (Jn 1, 9) ; l’autre, un aveugle de naissance, qui va recouvrer la vue et confesser sa foi dans le Fils de l’homme, son Seigneur. L’Evangile, comme l’ensemble de la Bible, ne cesse de revenir sur cette relation d’alliance entre Dieu et l’homme. Une alliance qui souhaite que l’homme soit toujours à l’image et à la ressemblance de son Créateur et de son Sauveur. Avons-nous oublié les racines européennes, que le Pape rappelle : « A l’origine de l’idée d’Europe il y a la figure et la responsabilité de la personne humaine avec son ferment de fraternité évangélique. » Et justement, l’Evangile attire notre attention sur les personnes, avec une insistance particulière sur les destinataires privilégiés de cette Bonne Nouvelle : les pauvres, les malades, les exclus, les aveugles, etc. En bref, ceux vers qui le Christ Messie est envoyé. Nos évêques reprennent cette idée-force pour évaluer la bonne santé de la société : « A cet égard, il est toujours bon de regarder la place qu’une société accorde aux plus faibles, aux plus fragiles en son sein, pour savoir si elle est en bonne santé, ce qui la fait tenir dans ses fondements. » Mais aussi, cette attention aux plus petits d’entre nous est indicatrice du sens : « Ce sont toujours eux (les plus faibles, les plus fragiles) en effet qui nous aident à retrouver l’essentiel et le sens de l’homme que toute société doit protéger. »
En deuxième lieu, cette guérison de l’aveugle-né fait naître une crise. Une crise qui porte sur l’auteur de la guérison, sur son identité religieuse … au vu qu’il n’observe pas la sacro-sainte observance du sabbat ! Une crise qui devrait déboucher sur une perception plus claire du projet de Dieu tel qu’il se manifeste par son envoyé. La crise est donc l’occasion d’un discernement, et d’une décision à prendre en toute connaissance. L’aveugle-né guéri reconnaît son Seigneur dans la clarté nouvelle de sa vue recouvrée … tandis que les pharisiens restent dans l’obscurité de leurs croyances endurcies ! La crise, les crises sont omniprésentes dans l’histoire des sociétés et des civilisations. L’Europe actuelle n’y échappe pas, comme le précise le Pape : «Notre époque est davantage dominée par l’idée de crise. Il y a la crise économique, qui a caractérisé les 10 dernières années, il y a la crise de la famille et des modèles sociaux consolidés, il y a une diffuse “crise des institutions” et la crise des migrants : beaucoup de crises, qui cachent la peur et le désarroi profond de l’homme contemporain, qui demande une nouvelle herméneutique pour l’avenir. » Pourtant, aime à rappeler le Pape, il y a un aspect positif à la crise, c’est le temps du discernement : « Cependant, le terme “crise” n’a pas en soi une connotation négative. Il n’indique pas seulement un mauvais moment à dépasser. Le mot crise a pour origine le verbe grec crino (κρίνω), qui signifie examiner, évaluer, juger. Notre temps est donc un temps de discernement, qui nous invite à évaluer l’essentiel et à construire sur lui : c’est donc un temps de défis et d’opportunités. » La crise générée par la guérison de l’aveugle-né est certes une question de foi, mais aussi une question sociétale. En effet, la réaction des parents est clairement marquée de la crainte de l’exclusion de la synagogue s’ils prennent parti pour le Christ Jésus. On est donc en présence d’une communauté fortement marquée par le sentiment d’appartenance, un « nous » constitutif d’une identité dans laquelle chacun doit se situer. Jésus vient interroger cette appartenance qui remonte à Moïse … en invitant à l’élargir. Mais le résultat tient dans l’exclusion de l’aveugle guéri … Ils le jetèrent dehors ! A notre époque, la relation entre l’individu –le « je » -et la communauté –le « nous », se pose différemment, mais la crise y est toujours présente, comme le précisent les évêques : « Que constate-t-on ? Que cette société a désormais de plus en plus de mal à articuler le je et le nous … La vision du collectif semble plus difficile. Le je semble pris en compte, mais il a du mal à trouver sa place dans un nous sans véritable projet et horizon. » D’où la question du sens à faire émerger, un sens qui interpelle les individus pour qu’ils ne tombent pas dans l’individualisme … mais pour que les individus se découvrent solidaires les uns des autres. Alors, justement dans cette crise, comment se situer ? Comment faire émerger du sens ? La réponse nous vient encore du pape François qui invite les dirigeants européens à l’espérance : « Il revient à celui qui gouverne de discerner les voies de l’espérance – voilà votre tâche: discerner les voies de l’espérance -, d’identifier les parcours concrets pour faire en sorte que les pas significatifs accomplis jusqu’ici ne se perdent pas, mais soient le gage d’un long et fructueux chemin. » On l’aura compris : le Pape, l’Eglise, la foi chrétienne … ne disent pas aux hommes politiques ce qu’ils ont à faire : nous ne faisons jamais qu’inviter à l’espérance pour sortir des crises en se donnant les moyens de discerner les chemins qu’il faut prendre. Et pour mémoire, je cite les chemins que le Pape rappelle à l’Europe : « L’Europe retrouve l’espérance lorsque l’homme est le centre et le cœur de ses institutions, dans la solidarité qui est aussi le plus efficace antidote contre les populismes modernes, lorsqu’elle ne s’enferme pas dans la peur et dans de fausses sécurités, lorsqu’elle investit dans le développement et dans la paix, lorsqu’elle s’ouvre à l’avenir, lorsqu’elle s’ouvre aux jeunes, lorsqu’elle investit dans la famille, lorsqu’elle respecte la conscience et les idéaux de ses citoyens, lorsqu’elle garantit la possibilité d’avoir des enfants, lorsqu’elle défend la vie dans toute sa sacralité. » A la lecture de ces lignes, nous constatons combien les valeurs évangéliques sont fondamentales pour un projet européen et ouvrent une formidable espérance en ce temps de crise et de doute !
Pour terminer, remarquons que le texte de l’Evangile parle au début à la fin du péché. Au début, il s’agit d’imputer la responsabilité de la cécité de l’aveugle-né : Qui a péché pour qu’il soit aveugle ? Lui ou ses parents ? A la fin, il s’agit de comprendre que le péché tient dans la manière dont on regarde, dont on prétend voir. Voyons-nous par nous-mêmes ? Il ne s’agit pas de la vision, bien sûr, mais de l’éclairage que l’on accepte ou pas pour interpréter ce que nous voyons. Jésus –qui est la lumière du monde –nous aide à voir autrement, différemment … évangéliquement les situations dans lesquelles nous vivons. Avec ce critère proprement chrétien : croyons-nous que la Vie de Dieu est source d’espérance concrète pour notre monde, cette Vie qui a fait passer Jésus de la mort à la vie ? Acceptons simplement de reconnaître ce besoin d’être éclairé par Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle de naissance !
Norbert-Marie Sonnier, 25/26 mars 2017.
Vous pouvez aussi consulter le discours du pape François aux chefs d’état et de gouvernement de l’Union Européenne réunis en Italie à l’occasion du 60ème anniversaire du Traité de Rome.
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.