Quelle conversion ? Quelle unité ?
« Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche. » Pour faire écho à cette invitation de Jésus, l’équipe liturgique de ce week-end a choisi de poser deux questions : « Quelle conversion ? Quelle unité ? » Essayons donc d’y répondre, en scrutant les textes bibliques que nous venons d’entendre, eux que nous appelons ‘Parole de Dieu’…
Et d’abord, « quelle conversion ? » Quand il lance cette invitation, Jésus est en Galilée, la « Galilée des nations », notait déjà le prophète Isaïe : une terre de brassage, un croisement de peuples, un lieu aussi de conflits. Et, justement, Isaïe annonçait qu’allait « se lever une grande lumière ». Et, deux versets après le passage que nous venons d’entendre, le prophète annonçait ; « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ce que nous dit l’évangéliste, c’est que Jésus lui-même s’est présenté, ce jour-là, en Galilée, comme « la grande lumière » annoncée jadis par le prophète…
La conversion à laquelle Jésus appelle donc ses auditeurs et, au-delà d’eux, toutes les nations, c’est de se tourner définitivement vers le seul Dieu véritable, celui qu’il présentera comme la Miséricorde infinie, le Créateur qui veut le salut de tous ses enfants, le salut de la multitude, le salut de toute l’humanité. Jésus, annonçant que « le Royaume de Dieu est tout proche », n’aura d’ailleurs de cesse, durant toute sa vie publique, de témoigner du vrai visage de Dieu, le Dieu de toutes miséricordes. « Il guérissait toute infirmité dans le peuple », rapporte déjà l’évangéliste. « Dieu est amour », résumera saint Jean. « Dieu n’est qu’amour », osera dire un théologien du XXème siècle, François Varillon.
D’où la question suivante posée par l’équipe liturgique, en référence à la lecture de la Lettre de Paul aux Corinthiens : « Quelle unité ? » Car l’apôtre pose lui-même la question, d’une autre façon certes : « Le Christ est-il donc divisé ? », demandait-il à la communauté des chrétiens de Corinthe en pleine division. Mais il n’y a pas qu’à Corinthe, voici vingt siècles, que les chrétiens se divisent ! Aujourd’hui encore, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui s’est achevée ce samedi en témoigne. Et l’actualité même de notre Eglise catholique en ces jours-ci en témoigne aussi ! Et peut-être nous faut-il aussi reconnaître que notre communauté paroissiale est actuellement secouée par quelques tensions internes qui pourraient vite, en se durcissant, devenir un contre-témoignage…
Or il est important, et peut-être même urgent, me semble-t-il, de regarder ensemble nos réalités en face et d’entendre, ensemble, l’appel de Jésus en terre de Galilée : « Convertissez-vous car le Royaume de Dieu est proche ». Et il ne s’agit pas que de conversion personnelle ! Il y a aussi des conversions collectives à vivre, à mettre en œuvre, car c’est bien ensemble que nous sommes le Corps du Christ… Alors, avec saint Paul, dont nous fêtons ce samedi la conversion, demandons, ensemble, à l’Esprit-Saint de nous guider sur le chemin d’une conversion permanente à cet amour de miséricorde que Jésus est venu nous révéler. Non, le Christ, lui, n’est pas divisé…
Et, pour illustrer l’importance que nous pouvons attacher à la méditation fidèle de la Parole de Dieu, je laisse le micro à Jean-Pierre, membre de la Fraternité de la Parole de notre communauté. Il nous dit comment cela est essentiel pour lui.
Témoignage de Jean-Pierre
Le 30 septembre 2019, le pape François concluait sa lettre apostolique instituant le « Dimanche de la Parole de Dieu » par cette citation du Deutéronome :
« Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14)
Pour illustrer mon témoignage pour le groupe Fraternité de la Parole, je n’en retiendrai que la dernière injonction : « Afin que tu la mettes en pratique » ; voilà exactement ce que nous voulons vivre, partager et quelque part, expérimenter dans notre groupe. Car cette Parole bien que proche et familière, tous, par expérience, nous mesurons combien est difficile de la communiquer de « bouche-à-oreille » et surtout de la pratiquer « dans son cœur » !
Comme dans l’évangile de Luc, nous avons donc emprunté notre chemin d’Emmaüs en disciple anonyme et modeste (Emmanuelle, Marie-Annick, Clotilde, Thérèse, Nicole, Jean Pascal, Roland-Paul). Chaque mois, Jésus, Parole incarnée, marche avec nous pour nous « ouvrir les Écritures ». Nous lisons un texte (cette année, c’est un parcours parmi les paraboles) ; en fait, nous en faisons trois lectures, lectures suivies d’un partage où chacun répond à quelques questions simples (toujours les mêmes) : qu’est-ce qui retient mon attention et pourquoi ? Qu’est-ce qui fait sens ? Comment cette parole de Dieu éclaire ma vie ? Mais qu’importe la ou les questions, car toute la richesse de nos échanges se concentre moins dans les réponses que dans l’écho de l’Écriture en chacun de nous : tel passage est obscur et me choque, telles paroles m’ont aidé à surmonter certaines épreuves, etc. Sur le chemin d’Emmaüs, il y avait deux disciples anonymes autour de Jésus, ainsi pour notre groupe autour du texte d’un soir : il y a celui qui parle et celui qui écoute. Une écoute qui, au sens littéral, nous évangélise : non seulement elle nous fait proche, nous rend proche de celui qui veut bien partagé sa lecture et sa vie ; mais bien plus, comme le dit si bien le pape François dans sa lettre apostolique, elle nous provoque doublement : à la charité et à la prophétie,
– Écouter l’Écriture pour pratiquer la miséricorde et sortir de l’individualisme (écouter et aimer)
– Écouter l’Écriture pour vivre de l’Écriture en prophète car la parole est « tout près » de moi quand j’écoute, elle est « dans ma bouche » quand je partage…
Pour conclure, je veux témoigner devant vous de cette expérience de charité et de prophétie : chacun avec son bagage, son histoire, ses talents, chacun donc est accueilli dans sa différence et avec ses mots, et ses silences : c’est la FRATERNITÉ… Par la lecture silencieuse de l’Écriture puis son questionnement dans l’échange ultérieur, nous « écoutons » l’écho de l’Écriture en nous et en l’autre et c’est la FRATERNITÉ DE LA PAROLE…
Témoignage pour le groupe Fraternité de la Parole
Dimanche 25-26 janvier 2020
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.