Première lecture : Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)
Deuxième lecture : Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)
Evangile : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)

Homélie du 12 mars 2017- « Et ils ne virent plus que Jésus, seul … »

« Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. » L’événement, majeur, que viennent de vivre Pierre, Jacques et Jean, cette Transfiguration de Jésus, une « théophanie », comme disent les spécialistes, une manifestation du divin, se termine par un retour immédiat aux réalités de la plaine : il faut descendre de la montagne et affronter la vraie vie, comme on dit aujourd’hui.

Et, du coup, les trois disciples se retrouvent seuls avec Jésus. Ou, plutôt, Jésus se retrouve face à sa mission unique : plus de Moïse et plus d’Elie… Pour accomplir la Loi et les prophètes, Jésus doit désormais mener à son terme la mission qui est la sienne : révéler le vrai visage de son Père, Dieu de tendresse et de miséricorde infinies… Comme Abram avait quitté Ur pour un chemin inconnu, Jésus se retrouve désormais seul devant son propre chemin… Déjà, il venait d’annoncer à ses disciples, pour la première fois, que ce chemin serait de souffrance et de mort, avant de s’ouvrir sur la Résurrection (16, 21). Et, descendu de la montagne, quelques versets plus loin, il le répètera : Le Fils de l’homme va souffrir par les scribes (17, 12) …
Mais, me direz-vous, qu’est-ce que cela a à voir avec notre aujourd’hui et, notamment, avec cette invitation de nos évêques à « retrouver la politique »… « dans un monde qui change » ?
La réponse me semble relativement simple : il s’agit, pour nous, en 2017, de nous affronter à notre propre réalité, de descendre de la montagne de toutes les utopies possibles pour prendre à bras le corps cette actualité d’un monde et d’une société en pleine mutation. Et ceci, quel qu’en soit le coût, pour nous ! C’est exactement l’analyse qu’ont faite nos évêques, analyse adressée, non pas aux seuls catholiques de France, mais à tous les « habitants de notre pays ». Et nos responsables religieux n’hésitent pas à parler, aujourd’hui, d’un nécessaire « travail de refondation » de notre vivre ensemble, de notre République (p. 17). La Croix titrait récemment : Un Carême très politique…
Dans le partage de l’équipe liturgique pour préparer cette célébration, il a été particulièrement souligné que, dans la situation actuelle, il était essentiel, citations, de nous « ouvrir à des dialogues pour chercher un véritable consensus de ce que doit être aujourd’hui le bien commun ». Il s’agit, toujours en référence au document épiscopal, citations de l’équipe, « de passer de la contradiction à la proposition », « d’être acteurs en favorisant des changements », « d’apporter chacun sa pierre », « de se mettre à la place des autres » et, aussi, de « laisser du temps au temps »…

D’autres que moi détailleront telle ou telle partie du document. Pour ma part, à la lumière de notre Evangile d’aujourd’hui et de l’échange que nous avons eu, je veux simplement faire écho aux dernières pages de nos évêques, comme Vincent Massart l’a déjà souligné le week-end dernier (mais la répétition peut être utile) : « Il nous faut, citation, à tous les niveaux, que nous reprenions le temps de la parole et de l’écoute pour éviter que le dernier mot reste à la violence. » (p. 68) Ils ajoutent : « Les vraies solutions aux problèmes profonds de notre époque (…) viendront de cette écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement de tous. » (pp 70-71)
« Relevez-vous, soyez sans crainte », avait également dit Jésus à Pierre, Jacques et Jean… Pourquoi ne pas l’entendre aussi pour nous, ici ? Oui, relevons-nous, soyons sans crainte !

Paul Bosse-Platière, diacre