Première lecture : « S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours » (Is 53, 10-11)
Deuxième lecture : « Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce » (He 4, 14-16)
Evangile : « Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 35-45)
On les aime bien finalement, les frères Zebédé, « fils du tonnerre ». Ils sont les gaffeurs de la Bible, les Dupont et Dupont des Évangiles, toujours accompagnés de leur maman.
Parfois on se demande s’ils comprennent quelque chose à ce qui leur arrive.
Et en même temps, il faut bien dire, qu’est-ce qu’ils nous ressemblent…
Drôle de demande quand même de vouloir finir à gauche et à droite de Jésus, alors que Jésus est mort sur la croix avec deux autres crucifiés, l’un à droite et l’autre gauche.
Comme Jésus disait: « vous ne savez pas ce que vous demandez… »
Jésus les remet en place avec justesse. Ce n’est pas de sa propre autorité qu’ils auront leurs places.
En toute obéissance, il s’en remet au Père qui donnera la place à chacun.
Il utilise aussi dans sa réponse les mots « serviteur », et « esclave »,
« non pas pour être servi mais pour servir ».
Voilà un vocabulaire qui est devenu bien classique dans l’Eglise, la notion d’humilité et de service.
Pourtant, ce sont des mots parfois trompeurs qui peuvent être violents. Et attention aux traductions.
Je me souviens de deux enfants en Afrique venus nous dire bonjour. La grande fille avait huit ans, elle nous embrasse gentiment, mais la petite sœur qui devait avoir cinq ans était intimidée et n’osait pas me dire bonjour. Alors sa grande sœur explique : « c’est parce qu’elle est honteuse ».
C’est la maman à côté de moi qui traduit que dans la langue Moré,
c’est-à-dire la langue maternelle de la petite fille, c’est le même mot qui dit honteux et timide.
Pour reprendre les mots de notre texte d’aujourd’hui, cette petite fille n’était pas humiliée,
mais elle était toute humble de sa petitesse supposée devant moi.
J’ai cru comprendre qu’en traduction de l’hébreu en français, il y a le même problème de vocabulaire entre humble et humilié. On parle des « anawim ». Ce sont les petits, les oubliés, les humiliés de la Bible, ou aussi les pauvres devant Dieu. Dans la Bible, le paradigme des humbles dans ces civilisations antiques, ce sont la veuve et l’orphelin, l’étranger, le pauvre, le malade.
Mais aussi c’est finalement tout le peuple juif lui-même qui se considère comme humble devant les nations et devant Dieu.
Dans le livre de Daniel (Dn 3, 37-40) on peut lire : « Et nous voici, Seigneur, le moins nombreux de tous les peuples, humiliés aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés. Mais, nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-les, comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers. »
Ce cantique exprime comment le peuple humilié,
c’est-à-dire qui subit la défaite et l’humiliation devant les nations
peut devenir spirituellement un peuple humilié, c’est-à-dire humble devant son Dieu.
C’est un mouvement intérieur fondamental, un chemin que Jésus propose aux frères Zébédé
mais c’est bien ce chemin qui nous est proposé, à nous aussi, et à tous les chrétiens.
Parmi les chrétiens, parmi les humbles, je voudrais évoquer sœur Emmanuelle à l’occasion des 10 ans de son décès. Dans le journal la Croix de ce dimanche, vous pouvez lire un beau dossier sur elle,
Je me souviens très bien d’un interview à la télévision :
elle expliquait que le moteur de son action était l’orgueil.
C’est un peu difficile à croire venant d’une religieuse qui a donné sa vie aux plus pauvres,
qui a passé des dizaines d’années dans la crasse, les ordures, avec des enfants pouilleux.
Mais elle se trouvait encore trop orgueilleuse, et pas assez humble.
Elle était encore classée récemment parmi les 10 personnalités préférées des Français,
ce qu’on pourrait appeler le Top-Ten des personnalités.
Sur les photographies, on la voit parmi les ordures, entouré d’enfants crasseux, mais elle irradie d’une vraie lumière intérieure. C’est d’autant plus frappant que sur la page d’en face, on voit un des plus grands joueurs de tennis du monde qui entre sur le terrain. Il est jeune, beau, musclé, décidé.
Mais il a le visage fermé, et on le voit au centre de tout un décor et d’une lumière artificielle pour être mis en valeur. Quel contraste ! Tous les deux font partie d’un Top-Ten.
J’avais aussi été très frappé par une phrase du Pape François qui affirmait : « il n’y a pas d’humilité vraie sans humiliation ». En quelque sorte, l’humilité n’est pas un plaisir. C’est un chemin de croix.
Mais, Jésus donne du sens à cette humilité parce qu’il ne dissocie pas l’humilité de la notion de service. Il parle de « serviteur » et même « d’esclave ».
Ce ne sont pas des mots « mous ». C’est même plutôt une affirmation lourde.
Le diacre Didier Rance a écrit un livre « la spiritualité du diaconat, la grâce de servir ».
(« Spiritualité du diaconat, la grâce de servir » Didier Rance. Édition Salvator. 6 janvier 2017. Page 29 et suivantes).
Il décrit le serviteur. Il rappelle d’abord que le mot servir est utilisé aussi pour les objets :
une casserole sert à chauffer la soupe. Le mot servir a donc un caractère instrumental.
Mais aussi, servir c’est travailler en vue d’un objectif et celui qui sert n’est pas le maître.
Nous accomplissons quantités d’actions de service, à commencer par la profession que nous exerçons. Mais le mot service s’est enrichi avec le temps d’une connotation positive :
Nous évoquons l’image de l’employée de maison, ou des services à la personne.
Même nos politiques disent qu’ils sont des « (grands) serviteurs de l’état ».
Mais ça serait une erreur de reporter cette vision positive dans la lecture de la bible.
Quand les anciens parlaient de serviteur ou de servir, il s’agissait d’un statut bien inférieur.
En français, le mot servir donne aussi : servitude, asservir, servilité, et au Moyen Âge le mot serf.
Bref exactement l’opposé de : libre, responsable, maître de soi.
Et en latin, service se dit « ministerium » et le serviteur « minister » qui vienne de minus
et qui s’oppose à « magister » et « magisterium » (maître, maîtrise, plus grand, supérieur, majeur).
Le serviteur a un rôle de minus, c’est un minable. Il fait ce que le maître (magister) lui demande.
Jésus apporte donc une vraie révolution paradoxale du service.
Il nous apprend que par Lui, c’est désormais une grâce, et une joie que de servir.
Et ce paradoxe vaut pour tout baptisé.
On pense au petit François d’Assise, fondateur de la congrégation des Frères mineurs,
ces religieux qui veulent rester des minus dans le monde.
Et vous comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’être humble par facilité, ni d’être humilié par plaisir.
Il s’agit bien d’une humilité au service du monde. Une humilité pour servir.
C’est évident quand on parle de sœur Emmanuelle, ou quand on évoque Saint-François-d ’Assise.
Pour nous chrétiens, l’exemple à suivre est celui de Jésus, mais en particulier Jésus sur la Croix.
C’est bien ce que Jésus répond aux frères Zébédé qui veulent être les plus grands.
Il leur évoque la coupe qu’il va boire c’est-à-dire son chemin de croix.
Alors, prenons un peu de temps et contemplons un peu cette croix.
Jésus est condamné comme les plus grands ennemis de l’État. Pourtant, il s’est toujours fait petit.
Il avait choisi des amis discrets parmi les professionnels de la pêche à Capharnaüm. Il avait pris l’habitude d’être moqué par les pharisiens à force de passer son temps avec les publicains et les pêcheurs. Il a été rejeté par les autorités religieuses pour des histoires de règles du sabbat et de purification. Il avait reçu des honneurs troublants en public par des femmes pécheresses.
Le voilà donc mis au premier plan sur la Croix pour faire peur au peuple,
pour donner l’exemple et éviter que le peuple ne se révolte.
Et pourtant c’est cette croix qui nous sauve.
Comme nous avons entendu dans la lettre aux hébreux :
« En Jésus, fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence. »
Par sa petitesse au service de tous les hommes c’est lui qui nous met en lien avec le Père.
Comme dit l’hymne aux Philippiens (Ph 2, 6-11) :
« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur (…) il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Et c’est pourquoi Dieu l’a exalté (…) ».
Comme dit la lettre aux hébreux que nous avons entendus :
« En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence. En toutes choses il a connu l’épreuve comme nous »
Ecoutons encore la première lecture : « parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes. Il se chargera de leurs péchés. »
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.