Première lecture : « Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis » (Si 27, 30 – 28, 7)
Deuxième lecture : « Si nous vivons, si nous mourons, c’est pour le Seigneur » (Rm 14, 7-9)
Evangile : « Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » (Mt 18, 21-35)
Comme vous le savez peut-être, nous sommes entrés depuis le 1er septembre dans le temps de la Création et pendant cette période nous sommes invités à contempler la nature et aussi à nous rappeler des enseignements qu’elle nous donne sur la vie spirituelle. La nature est vraiment un livre ouvert de spiritualité, encore faut-il savoir le lire.
Ce n’est pas un hasard si le ciel est bleu. Ce n’est pas un hasard s’il y a une alternance de jours et de nuits. Ce n’est pas un hasard si la lune reflète la lumière du soleil le soir.
D’ailleurs Jésus prend souvent des images de la nature pour nous apprendre des choses sur le royaume caché.
Alors aujourd’hui, je vous invite à visualiser ces lieux où on trouve des eaux stagnantes, des zones marécageuses. Et vous savez, ça ne sent pas très bon en général dans ces coins là car il y a un processus chimique qui se met en place et qui dégage du sulfure d’hydrogène et un gaz hautement inflammable, le méthane. Les anciens parlaient de “gaz des marais”. Aujourd’hui on parle de méthanisation. La chimie nous dit que la méthanisation est un processus de décomposition de matières pourrissables (putrescibles) par des bactéries qui agissent en l’absence d’air.
Et en fouinant un peu j’ai même découvert que l’autre nom du paludisme, la malaria, signifie “mauvais air” car pendant longtemps on a associé de manière erronée son irruption à l’odeur dégagée par les marais. Aujourd’hui, on sait aussi que ce méthane accentue le phénomène de réchauffement climatique. Les climatologues estiment qu’il est responsable d’environ 30% de la hausse de la température mondiale depuis le début de l’ère industrielle.
Ironie du sort, j’ai découvert que pour clôturer ce temps de la Création, une rencontre est organisée à Fougères le 1er octobre, pour fêter la restauration de la statue de Notre Dame des Marais, appelée ainsi en raison du terrain arrosé des eaux d’un affluent du Couesnon (le Nançon) où on l’avait retrouvée.
Et je me dis que tout cela n’est pas totalement étranger à ce qui se passe dans nos âmes lorsque nous n’arrivons pas à pardonner. Il y a comme une circulation d’eau vive qui s’arrête, une eau stagnante, qui engendre un pourrissement qui dégage des gaz nauséabonds et inflammables si nous laissons nos blessures, nos aigreurs se décomposer au fond de notre cœur. On pourrait presque parler de “fosse septique du cœur”.
Alors pour illustrer mon propos, je vais vous raconter une petite anecdote en rapport avec notre thème de rentrée qui portait, non pas sur les “flatulences de l’âme”, mais sur les visitations :
Il y avait à mon travail un collègue, que beaucoup jugeaient insupportable. Une personne très imbue d’elle-même, qui savait tout mieux que tout le monde et se vantait de côtoyer tous les grands pontes de la boîte. D’ailleurs, le langage courant a intégré cette notion d’odeur nauséabonde car on dit bien d’une personne qu’elle est puante. Bref, beaucoup de mes collègues évitaient de lui parler, moi le premier. Et en fait, nous laissions tous, en quelque sorte, une eau morte stagner dans nos cœurs.
Et un matin, j’arrive au boulot et je vois devant l’entrée cette personne en train de fumer sa clope. Je dis au Seigneur “j’ai pas trop envie, mais donne moi la force d’aller lui parler”. J’y vais, sans trop croire aux miracles. Et figurez-vous qu’après les formules de politesse habituelles, cette personne s’est mise d’un seul coup à me déballer tout son sac : “Tu sais Vincent, j’ai beaucoup souffert dans mon enfance. J’avais un père qui était pervers narcissique et qui a tout fait pour me détruire.”
Ce jour là, j’ai pris une claque et j’ai changé radicalement mon regard sur lui. Cette expérience m’a fait découvrir l’importance de prendre le temps d’une visitation, en particulier avec celui ou celle qu’on a du mal à aimer. Découvrir son histoire, ses blessures pour arriver à davantage tolérer ses défauts, ses limites qui nous renvoient à nos propres limites et fragilités.
Et souvent cela nécessite du courage et de la patience. Car ce processus de visitation en vue du pardon, il faut le renouveler sans cesse : 70 fois 7 fois nous dit Jésus.
De même, pour assécher un marais, il est nécessaire de drainer ou de pomper sans cesse l’eau de pluie qui revient y stagner.
Les Hollandais ont dû construire au 15ème siècle des moulins à vent pour remonter l’eau du fond des cuvettes de tourbières et la déverser dans un canal ou une rivière coulant à proximité.
Oui, Jésus nous invite à prier pour nos ennemis, pour ceux qui nous persécutent, ceux que nous trouvons “puants”. Je peux vous garantir que ça fonctionne. Voilà les moulins à vent de l’âme que nous pouvons construire pour au moins désirer pardonner.
Alors, nous pourrons nous laisser traverser par cette eau vive qui sort du cœur de Jésus et ce dernier souffle qui sort de sa bouche depuis sa crucifixion où son pardon a été total.
Nous éviterons alors d’être livrés à nos bourreaux intérieurs dont parle Jésus, ceux qui nous empêchent de vivre en nous enfermant dans une logique comptable comme ce serviteur qui avait oublié sa propre dette qu’il n’aurait jamais pu rembourser (celle de la vie donnée sans cesse par son créateur).
Alors nous pourrons purifier notre regard et nous souvenir, encore une fois, de cette question de ce roi dont nous sommes à chaque instant débiteur : “Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” (Mat 18, 33)
PS : On peut pousser encore plus loin l’observation de ce que nous dit la nature à travers ce processus de méthanisation : en effet, il ne peut se produire qu’en l’absence d’air. Les moines ont l’habitude de dire que le silence et la prière sont leur respiration. Alors peut-être que cela nous rappelle que pour éviter d’avoir des “flatulences de l’âme”, il faut non seulement assécher le marais en dégageant ce qui obstrue notre regard, entamer une visitation, mais il faut aussi faire silence et prier, pour déjà commencer à désirer pardonner. La grâce du Seigneur pourra alors nous aider à réaliser ce qui est au delà de nos forces.
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.