Première lecture : « Alors s’ouvriront les oreilles des sourds et la bouche du muet criera de joie » (Is 35, 4-7a)
Deuxième lecture : « Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres pour en faire des héritiers du Royaume ? » (Jc 2, 1-5)
Evangile : « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37)
L’évangile de Marc est le plus court des Évangiles, c’est donc aussi le plus dense.
Chaque mot doit être réfléchi, analysé, observé, expliqué, j’ai envie de dire déplié…
Selon la vitesse à laquelle nous lisons l’évangile de Marc,
on peut découvrir plusieurs niveaux de lecture qui apparaissent.
Et ici, pour ce texte d’Évangile, le 1° niveau est simple, c’est celui de la consultation.
C’est l’histoire d’un soignant qui est Jésus lui-même, qui a pignon sur rue, qui est connu,
On lui amène un malade qui présente une souffrance, on lui demande de soigner.
Le diagnostic est fait rapidement : « un sourd qui a de la difficulté à parler ».
Comme de bien entendu, l’acte de soin impose une certaine intimité.
Jésus l’emmène à l’écart, loin de la foule. Quelque chose comme : « Raconte-moi qui tu es ».
Le besoin de connaître la personne. Le besoin de savoir qui est en face de lui,
le besoin surtout que l’autre entre dans une relation personnelle.
Et dans cette intimité sont réalisés des actes de soins bien précis et bien décrits.
Jésus lui met les doigts dans les oreilles.
J’ai même lu une traduction qui disait : « Jésus lui enfonce les doigts dans les oreilles. »
Je me suis dit qu’il y a toujours un moment dans la médecine où ça fait mal…
Mais finalement, tout cela fonctionne à merveille. Le malade repart guéri : joie générale !
Voilà : à ce 1° niveau de lecture, au 1° degré. C’est déjà une belle histoire.
Mais évidemment il y a aussi un 2° possibilité de lecture :
L’évangéliste qui rédige le texte est très attentif à bien décrire les choses.
Par exemple, il signale que « des gens lui amènent un sourd ».
Le malade n’est donc pas isolé, il est porté par sa communauté.
On peut penser à la guérison du paralytique dans l’évangile de Luc.
Dans cette autre histoire, Jésus guérit le malade paralysé
parce qu’il voit la foi de ceux qui le portent de ceux qui accompagne le malade.
Ici les gens supplient Jésus de poser la main sur le malade.
C’est intéressant, cette notion de communauté, et de malades portés par la communauté.
C’est un petit clin d’œil pour analyser nos propres relations
avec les personnes dont nous avons la charge dans un lien de responsabilité :
Est-ce que nous nous contentons quelquefois de faire notre travail, d’accomplir la besogne ?
Est- ce que nous prenons suffisamment de temps pour entrer dans une relation en vérité ?
Est-ce que nous allons jusqu’à porter ces personnes au sens propre et au sens figuré ?
Alors, bien sûr, Jésus fait les gestes qui vont guérir.
Le Christ n’est pas un ectoplasme, il n’est pas dans les limbes, ce n’est pas un concept…
Il se présente dans son humanité, il prend visage dans une corporéité, il est totalement incarné. Alors, il fait des gestes qui soignent, lui qui est totalement Dieu.
Il fait des gestes totalement humains. Il touche, les oreilles, la langue, il pose sa salive.
Voilà qui donne de la valeur à ce corps de la personne qu’il prend en charge.
Jésus ne vient pas seulement sauver des âmes ni seulement soigner le corps.
Il prend en charge le corps et l’âme, c’est-à-dire la personne en totalité, « dans sa globalité ».
L’évangéliste fait bien remarquer que ce soin du malade
ne concerne finalement pas seulement ce malade, mais toute la communauté.
Le texte dit de cette communauté qu’ils étaient « extrêmement frappés ».
J’ai vu des traductions « complètement sidérés » ou « impressionnés au plus haut point ».
Surtout, ils sont tellement impressionnés qu’ils ont besoin de proclamer la nouvelle :
« Il fait bien toutes choses, il fait entendre les sourds et parlez les muets ».
Cette petite communauté découvre dans le quotidien, dans le réel de leur vie
la réalisation de la vieille prophétie d’Isaïe que nous avons entendu dans la première lecture.
C’est l’enseignement que Jésus faisait aux foules « Le Royaume de Dieu est tout proche ».
C’est bien cela que cette guérison miraculeuse permet de découvrir.
À ce 2° niveau, nous avons progressé, mais on ne peut éviter une 3° lecture du texte.
Il a suffi d’un mot dans le texte. L’évangéliste écrit : « les yeux levés au ciel, il soupira » .
Si vous avez déjà entendu votre médecin soupirer au sujet de vos misères,
vous avez sans doute pensé soit« il est fatigué », soit : «il ne peut plus rien pour moi… ».
Mais j’ai une autre lecture de ce « il soupira ». C’est comme le soupir de Dieu.
Dans la Bible Bayard et dans la Bible de Chouraqui, il est écrit plutôt « il gémit ».
Et dans ma vieille Bible de Jérusalem il est écrit : « Il poussa un gémissement ».
Jésus ne soupire ni par fatigue, ni par impuissance, mais parce qu’il soufre avec la malade.
Il participe totalement à la souffrance de ce malade.
Toute souffrance humaine est une victoire déjà de la mort,
Toute souffrance humaine est donc totalement insupportable à Dieu puisque Dieu est la Vie.
Jésus qui est totalement Dieu ne peut pas rester indifférent à cette douleur humaine, …
Donc Jésus entre dans le combat pour la vie contre la souffrance
dans un combat contre tout ce qui défigure la personne humaine.
Il entre dans ce combat, d’abord par une participation personnelle à cette souffrance.
Quand Jésus gémit devant le malade qui souffre, ce sont déjà les gémissements de la Croix.
Mais cette souffrance de la Croix n’est pas vaine :
quand le malade guérit, c’est déjà un signe, une annonce de la victoire du Christ sur la mort.
Il n’y a qu’un problème, c’est que la communauté du malade veut annoncer cette guérison.
Cette annonce ne peut pas se faire parce que ça devrait être déjà l’annonce de la résurrection.
Mais la résurrection n’a pas encore eu lieu, à ce stade de l’histoire de Jésus.
L’annonce de la Bonne Nouvelle risquerait d’être incomplète ou incompréhensible.
Bien sûr, Jésus accomplit les prophéties d’Isaïe. Mais au-delà de cette prophétie,
cette guérison annonce déjà notre rédemption, celle de tous les hommes par la Croix.
Pour nous qui croyons en la résurrection de Jésus,
notre compréhension de cette guérison prend donc une tout autre dimension.
De la même façon, quand nous entendons aujourd’hui le texte ancien d’Isaïe,
à la lumière de la résurrection du Christ,
cette lecture dynamise notre compréhension de la résurrection.
Il est bien question du salut qui s’étend à tous les hommes,
même les plus faibles, même les plus malades.
Mais le texte d’Isaïe nous annonce aussi que la dimension du salut,
au-delà de toute l’humanité, s’étend aussi à toute la création :
« Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds,
l’eau jaillira dans le désert,
Le pays torride se changera en lac
et la terre de la soif, en eau jaillissantes. »
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.