Mémoire de St Au – 18/03/2018

Quel visage pour notre paroisse ?
(Extrait de « Enjeux pastoraux pour la rentrée 2016-2017 »
par le Père Norbert-Marie SONNIER – Septembre 2016)

La mission d’une communauté chrétienne, qu’elle soit ou non paroissiale, peut s’exprimer en quelques mots : annoncer au monde l’Évangile de Jésus Christ, en paroles et en actes. La vie personnelle des chrétiens, l’organisation interne de la communauté, son fonctionnement institutionnel, ces différents éléments portent un témoignage avant même qu’une parole ne soit prononcée. Et St-Au, c’est un peu cela.

Nous sommes témoins, mais en même temps des héritiers. Que ce cinquantenaire soit pour nous l’occasion de repenser à tous ceux qui ont traversé nos vies durant cette période ; soit en restant fidèles à l’engagement de leur jeunesse malgré les turbulences, soit en empruntant des chemins de traverse, soit en défrichant une piste pour leur propre route. Ils avaient en commun l’adhésion passionnée à la redécouverte de l’importance de l’Ecriture par l’église, après Vatican II. Nous leurs sommes redevables de notre manière de comprendre la foi de l’Eglise aujourd’hui et de tenter d’en vivre à Saint Augustin comme ailleurs .

Un ½ siècle c’est à la fois peu en regard de l’histoire des hommes, du monde et de l’Eglise, mais c’est aussi beaucoup en termes d’engagements, de réalités humaines, d’amitiés, de services… Chacun pourrait dire ce qu’il a reçu de saint Augustin et combien cela a contribué à le construire dans son humanité, dans sa vie chrétienne et dans ses solidarités fraternelles. Les héritages sont faits pour être investis, sinon ils sont comme les valeurs que l’on dépose dans les coffres-fort des banques : ils sommeillent !

Les héritiers que nous sommes doivent recevoir l’héritage comme autant de talents à mettre en œuvre, à faire fructifier. C’est cela notre responsabilité première : offrir, proposer aux hommes et aux femmes de ce temps la possibilité de se trouver bien, de s’y retrouver, dans ce qu’est l’originalité et la spécificité de saint Augustin.

Si nous reprenons les fondamentaux de St-Au, , nous avons les 3 « P » : Prière, Partage, Parole. Ce triptyque continue à nous habiter : nous ne prions bien que si nous partageons en nous inspirant de la Parole de Dieu et de celles des hommes. Nous ne partageons bien que si nous prenons l’habitude de partager et la Parole et ce que nous avons, mais aussi la prière. Nous n’écoutons bien la Parole, celle de Dieu et celle de nos frères, que si notre cœur est ouvert à l’Autre que je prie, aux autres qui m’interpellent. Autrement dit, il y aura toujours un tiers entre Dieu et moi, entre Dieu et le frère.

Les dernières relectures pastorales ont mis l’accent sur un triptyque complémentaire :
• Innover en liturgie,
• Être une paroisse contemporaine,
• Développer la fraternité.

Il y a toujours un tiers entre la célébration et l’actualité, entre l’actualité et la fraternité, entre la fraternité et la célébration. Ce tiers empêche toujours que l’on se cantonne dans des choses binaires qui risquent toujours de devenir conflictuelles. Le tiers qui s’invite est toujours une ouverture à dépasser cette tendance que nous avons de voir en noir et blanc, bien et mal, positif et négatif. Le pape François nous invite, dans Amoris laetitia, à justement ne pas être dualistes.

Ce que souhaite le pape François, c’est que l’on ne construise pas des murs qui séparent les gens les uns des autres, mais que l’on construise des ponts pour aller les uns vers les autres. Nous sommes devant un vrai défi : comment construire des ponts et comment faire comprendre que la fraternité, le vivre-ensemble ne seront possibles que si l’on se met au travail.

Peut-être faudrait-il rajouter une béatitude : Heureux les constructeurs de ponts, ils favorisent la fraternité ! Pastoralement, on ne peut pas passer à côté de cet investissement dans l’enjambement des torrents de haine, de méfiance, d’indifférence qui caractérisent certaines oppositions entre les hommes, les communautés, les religions… Il nous faudrait redécouvrir l’audace et la joie de la rencontre afin d’entraîner avec nous les jeunes générations

A l’écoute de notre temps et de l’Esprit Saint, il s’agit de sentir ce que nous pouvons faire, ce à quoi nous sommes appelés, pour demeurer fidèles à l’Evangile, mais aussi à cette mémoire paroissiale qui nous porte, afin que nous soyons des témoins crédibles pour notre époque !

Avec les pères qui nous accompagnent en ce moment, Norbert-Marie Sonnier et Jean-Claude Lemaître, pour le visage qu’ils nous aident à donner à notre paroisse, Seigneur, nous te rendons grâce.