Vendredi-Saint 25 mars 2016
Célébration de la Passion
(Célébration préparée par Accueillir et Partager.)
Je n’ai sans doute pas besoin de faire un grand dessin :
A Bruxelles, plus de 30 morts, environ 200 blessés.
Tout cela quelques mois après les attentats de Paris, et d’ailleurs.
Les journaux multiplient les photos et les commentaires. Les politiciens discutent.
La Belgique est humiliée sur son sol, symbole d’un Occident attaquée.
Il y a quelques mois, c’était la photographie d’un enfant décédé,
échoué sur une plage.
Horreur absolue. Symbole de l’atrocité des guerres et de la migration.
Aujourd’hui encore, les politiciens européens restent incapables
d’organiser une politique commune au sujet des migrations.
En France, le chômage est une plaie sociale, crise profonde de notre société.
Hier à Rennes des manifestations ont encore dégénéré sur ce thème.
Hier soir, pour entrer dans la célébration du Jeudi-Saint, nous avons chanté :
« Nous sommes le corps du Christ, chacun de nous est un membre de ce corps. »
Rappelez-vous cet autre chant, qu’on reprend souvent à l’occasion des baptêmes :
« Tu es devenu enfant de Dieu et frère de Jésus. »
Par ce chant nous disons que par le nouveau baptisé devient membres de l’Eglise.
En réalité, par le baptême, nous reconnaissons que nous sommes enfants de Dieu.
Par cette reconnaissance, nous devenons membres de l’Eglise,
et nous accueillons cette bonne nouvelle.
Mais nous sommes déjà enfants de Dieu avant le baptême, dès notre conception.
Et tous les morts de Bruxelles, tous les morts dans la Méditerranée,
et toutes les victimes du chômage,
tous sont les enfants de Dieu, avec ou sans le baptême, évidemment.
Mais aussi, les terroristes, les combattants de l’État islamique,
et les salafistes de tout bord,
tous sont enfants de Dieu :
Des enfants terribles, certes, mais des enfants de Dieu quand même.
Alors, si nous sommes enfants de Dieu,
Dieu souffre pour nous comme une mère souffre
devant son fils terrible, ou devant son fils malade.
Dieu souffre de toutes nos souffrances, de toutes nos humiliations,
de toutes nos blessures.
Celles qu’on subit et celle qu’on inflige.
Il souffre aussi de toutes nos erreurs, nos fautes, nos égoïsmes, nos indifférences.
C’est le grand mystère de la Miséricorde,
la grande compassion de Dieu pour les hommes.
Le Christ en croix souffre pour notre humanité,
comme une mère pour son enfant.
Regardons-le, ce Christ en croix : affreux, défiguré, blessé, humilié, moqué.
La Croix est un horrible supplice. Même Jésus se plaint :
« J’ai soif » dit-il. C’est une plainte que Dieu adresse aux hommes :
Quelque chose comme : « Faites quelque chose pour moi. »
Dieu se présente comme le plus faible.
Mais il y a aussi : « Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Plainte d’homme que Jésus adressée à Dieu.
Au pied de la croix, il y avait Marie, la mère de Jésus.
Je suis très sensible aux représentations de la pietà,
représentation artistique de Marie qui reçoit le corps de Jésus
dans ses bras, au pied de la Croix.
J’ai accompagné quelques mamans au moment du décès de leur enfant.
Ce sont des moments où il y a peu de mots.
Beaucoup d’amour, bien sûr, mais aussi beaucoup d’incompréhension.
Alors qu’il est en train de mourir sur la Croix,
Jésus confie Marie à Jean et Jean à Marie.
Désormais leurs deux destins sont liés, et liés à celui de Jésus.
Dans sa tradition, l’église considère qu’elle prend naissance au pied de la Croix.
C’est nous qui sommes au pied de la croix, avec Marie.
Regardons le bien ce Christ sur la Croix : il souffre, il se plaint,
mais jamais il ne renie sa mission.
Il continue, jusqu’au bout, d’aimer les hommes, et d’accepter leurs injustices.
Il meurt d’un jugement qui n’en est pas un,
à cause de quelques hommes qui ont peur de perdre le pouvoir,
et par la faiblesse d’une foule qui se laisse manipuler.
Mais il accepte cette mort injuste.
Regardons le bien, ce Christ en croix, qui nous aime quand même.
C’est le grand service que Dieu nous rend.
C’est le sacrifice ultime de Jésus : mourir en acceptant, quand même.
La Croix pourrait presque se suffire à elle-même.
Par elle, tout nous est dit tout de l’amour et de la Miséricorde de Dieu.
Après, bien sûr, il y a la résurrection. La grande victoire.
Mais elle vient après.
Avant tout, il y a cette Miséricorde : présence de Jésus au cœur de nos misères.
Compassion de Dieu et amour jusqu’au bout.
Sur cette croix, Dieu nous dit combien il aime les hommes : jusqu’au bout.
Alors, contemplons cette « incroyable » croix.
Ce Christ qui ne nous juge pas.
Contemplons cette croix de l’amour qui se donne, totalement, pour nous.