La première partie de la lecture d’Évangile est quasiment imprononçable :
Le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène.
Les évangiles sont parfois difficiles pour une oreille moderne !
Aujourd’hui on dit exactement la même chose plus facilement : En l’an 28.
Cette introduction a un but. Dire qu’on est dans le réel, et pas un monde imaginaire.
C’est vrai qu’on pourrait parfois en douter quand on lit des autres évangiles qui sont bien plus amusant au sujet de Jean-Baptiste :
un bonhomme déguisé en Cro-Magnon et qui chasse les sauterelles.
Ici, l’évangéliste Luc ne décrit pas Jean-Baptiste : rien sur la pauvreté, sur la frugalité.
Pourtant Jean-Baptiste fait vraiment partie des pauvres dont nous parle la Bible.
L’évangéliste vient de citer tous les grands du monde de cette époque.
Tous les chefs d’état dont le nom permet de situer l’année dans le calendrier.
Un peu comme les grands d’aujourd’hui dont on commente le moindre fait de vie, le moindre chuchotement, en direct sur les réseaux sociaux.
Ici, Luc se concentre plutôt sur la parole du prophète : la voix qui crie dans le désert.
Il ne chuchote pas. Il ne proclame pas: il crie. C’est un volume sonore. Un cri d’urgence.
Ca pourrait être pathétique : dans le désert, ça risque fort de ne pas être efficace.
Pas de réseaux sociaux. C’est comme dans le film Alien, dans l’espace intersidéral :
« dans l’espace, quand vous criez, personne ne vous entend ».
Jean-Baptiste, c’est la caricature du pauvre dans la Bible : pauvre, mais aussi prophète.
Il est pauvre, il est seul, et il crie.
Les gens viennent le voir, un peu comme pour un bruit bizarre de l’autre côté de la rue,
Comme on irait voir un clochard qui se mettrait à crier en pleine rue.
À notre époque, les choses seraient assez simples.
Les pompiers, les urgences, une injection de neuroleptiques, et au lit !
Et pourtant ! Ils sont tellement nombreux à crier dans le désert.
À Accueillir et Partager, nous recevons, et nous les recevons en votre nom, tellement d’appels qui n’ont pas eu de réponse.
Comme des cris dans le désert ou dans l’espace intersidéral.
Pour Votre association, c’est un peu sa raison d’exister :
répondre à des demandes pour lesquelles il n’y a pas de réponse prévue par l’État.
En vérité, les appels que nous recevons n’évoquent jamais Isaïe.
Pourtant, il est bien question de pauvreté, d’une part, et d’espoir aussi.
C’est comme un dernier cri avant la fin. Mais de l’espoir quand même.
Deux petits exemples :
1) Aminata, une jeune fille, étudiante Mauritanienne, elle a l’âge de mes enfants.
Elle est venue à Rennes pour ses études, et elle a été accueillie et logée par une « amie ».
Finalement mise dehors par sa copine, Aminata a du passé une nuit à la gare de Rennes.
Elle était terrorisée à l’idée de devoir repasser une 2° nuit à la gare.
Mais le 115 n’a pas la place pour elle. Appel de l’assistante sociale.
Nous la logeons pour 5 nuits en hôtel formule 1.
Après quatre nuits, il n’y a toujours aucune solution pour elle. Le CROUS ne peut pas.
Finalement, elle est logée par un membre de l’association pendant quelques semaines, le temps de trouver un logement par le CROUS.
Aujourd’hui, elle est en master 2, elle a une formation en alternance.
Elle gagne donc de l’argent, ce que lui permet de vivre et de se loger.
Elle était au fond du désespoir. Maintenant, elle est heureuse de poursuivre ses études.
Elle sait qu’elle pourra sans doute les terminer.
A Noël prochain, elle va même se payer l’aller-retour en Mauritanie pour voir sa famille qu’elle n’a pas revu depuis trois ans. Quel leçon de vie pour nous tous.
2) Une autre jeune fille, Gloria. Prise en charge par l’association il y a quelques années.
Elle faisait ses études, mais son papa était décédé. Plus d’argent pour payer son loyer.
Dans l’obligation de quitter son logement, elle nous demande un logement d’urgence.
Finalement, nous lui prêtons de l’argent pour garder son logement.
Sa famille a repris en charge ses études et son loyer.
Quelques années plus tard, elle nous a demandé de l’aider à trouver un stage.
Le stage est en cours, elle va pouvoir terminer ses études dans les meilleures conditions.
Je ne peux pas terminer sans parler de nos amis irakiens.
C’est un pays qui a travaillé notre imaginaire : l’Orient mystérieux, Abraham, Jonas, Babylone, sans doute pas très loin du jardin d’Éden.
Les gens là-bas que nous connaissons étaient riches, des terres, des vignes, des récoltes.
De belles professions, des grandes maisons, des grosses voitures !
Mais quand on entend parler de l’Irak, depuis quelques dizaines d’années,
C’est la guerre, l’intolérance, les déplacements de population, les puits de pétrole en feu.
En Irak, aujourd’hui, on peut crier tant que l’on veut, c’est comme dans le désert.
Un jour nos amis ont été dévalisés, les bijoux ont disparus. Ils ont dû fuir. C’est l’exil.
Le trou, le rien, le désespoir sans espoir. Les camps de réfugiés, l’ennui. Pas d’avenir.
Une part importante de notre Bible a été écrite par des gens en exil à Babylone.
Des gens qui subissaient la violence, la haine, la discrimination, le désespoir.
Ils ont crié leur misère, et nous écoutons dans les psaumes ce cri de misère.
Tout ce qu’ils ont ressenti en ce temps-là, ils l’ont écrit. Par exemple dans le livre d’Isaïe.
Ce qu’ils ont écrit est devenu le fond, l’origine, de notre théologie aujourd’hui.
Les pauvres d’aujourd’hui qui crient dans le désert, tous ces exilés d’aujourd’hui ne sont pas pour nous seulement un devoir, un appel à la charité.
Nous devons les écouter et les rencontrer pour entendre le cri de Dieu.
C’est un cri qui nous appelle à la conversion.
Ne pas vouloir entendre ce cri, c’est fermer nos oreilles à la Parole de Dieu lui-même
Et si nous laissons cette parole nous atteindre, alors notre cœur pourra être touché.
Pas seulement touché par la misère de l’autre, par gentillesse, mais bien touché par la présence de Dieu qui nous transforme, en profondeur.
Tant qu’un seul de nos frères est dans la misère matérielle, c’est que toute l’humanité vit encore dans la misère spirituelle.
Celui qui sauve l’humanité de sa pauvreté s’est fait le plus pauvre parmi les pauvres,
Il s’est lui-même couché dans la misère d’une mangeoire.
Il est venu nous rejoindre. Il est là et il crie :
Il crie sa faim de voir l’humanité enfin unie.
Permettez-moi de relire une petite phrase de notre deuxième lecture :
« Dans ma prière je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ. »
C’est le titre de la feuille d’aujourd’hui.
Je suis une personne handicapée physique de naissance, née le 15 novembre 1962.
Ordonné prêtre depuis juillet 1989, j’ai exercé mes ministères partagés entre ma mission en paroisse et auprès de plusieurs Mouvements et Services d’Église. De 2011 à 2020, j’ai vécu une première expérience à la paroisse St Augustin. Après un départ de trois ans vers sept missions, me voici nommé parmi vous, pour vous et avec vous, curé de la paroisse.
Ma vie de foi est soutenue par la source de Dieu à laquelle je puise dans la prière, la Parole de Dieu et l’eucharistie, et m’abreuve de la spiritualité de saint Charles de Foucauld. Les rencontres humaines sont également pour moi un lieu de « visitation » où je me laisse éclabousser par la présence de Jésus, en me « plongeant » dans son mystère pascal de vie, de mort et de Résurrection.
Je n’oublie pas de me mettre humblement à l’écoute du Souffle de Dieu, c’est lui qui fait l’unité de ma vie, qui m’appelle à la conversion et me titille, pour m’économiser et garder du temps pour moi.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Ce verset de Jean 10, 10 me booste, je suis un gourmet et même un passionné de vie.
Très attentionné à l’actualité de notre humanité, entre beauté et souffrance, je me définis comme un positif réaliste aimant les balades en pleine nature (accessibles, c’est mieux !), la lecture, la création artistique, la rencontre de l’autre différent de moi, l’humour, etc.
Albert Kousbe est né en 1978 à Nango au Burkina Faso.
De 1999 à 2006, il fait ses études au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 1er juillet 2006 à Ouahigouya.
Sa devise sacerdotale est « Avec Toi Marie« .
De 2006 à 2008, il est professeur-éducateur au petit séminaire de Ouahigouya.
De 2008 à 2014, il est directeur diocésain de l’enseignement catholique de Ouahigouya.
De 2014 à 2021, il est curé de la paroisse Sainte Bernadette Soubirous de Boussou/Ouahigouya.
En septembre 2021, il est nommé prêtre auxiliaire de la paroisse Saint Augustin.
Il aime beaucoup la lecture et aller au cinéma. Il aime également jouer au football et faire de la marche.
Paul Bosse-Platière (né en 1937) est diacre depuis 1982. Marié à Brigitte ; ils ont cinq enfants et onze petits-enfants. Ancien journaliste et notamment informateur religieux à Ouest-France. Il a assuré pendant plusieurs années un service d’accompagnement spirituel.
Vincent Hallaire est diacre. Délégué diocésain à la pastorale des migrants.
Vincent Mahé a été ordonné diacre permanent le 1er mars 2020. Marié depuis 1998 avec Noëlie, il a 4 enfants.
Il est investi auprès des Collectifs du 6, rue de l’Hôtel Dieu, qui assurent une présence et un soutien auprès des personnes en grande précarité ou dans l’isolement.
Il travaille dans les laboratoires de recherche et développement d’Orange. Il est particulièrement sensible aux différentes formes d’exclusion numérique.