Témoignage de Paule Chauvel
Mes réflexions de confinement
Cette situation de confinement est pour moi, comme pour beaucoup, totalement inédite n’ayant jamais eu à vivre, par exemple par la maladie, un tel « isolement » de mon entourage familial et paroissial ni un aussi long jeûne eucharistique.
Habituée à vivre seule au quotidien, et aimant toute sortes de travaux manuels en plus de la lecture
les journées filent vite malgré tout, sans ennui, et le temps passé au téléphone est impressionnant… merci aux abonnements « illimités » !
La communication n’est pas interrompue mais la rencontre en « direct » me manque et je suis heureuse d’apercevoir de loin l’un ou l’autre au marché le jeudi matin.
Très tôt dans cette période j’ai entendu une phrase qui m’a éclairée et soutenue : « une vie contrainte n’est pas une vie amoindrie »… il faut consentir à nos limites.
Les moyens de communication actuels m’ont été d’un grand secours en proposant différents temps de prière et permettant de vivre une réelle communion spirituelle grâce à la retransmission des célébrations diocésaines ou certaines paroissiales et même celles du pape à Rome.
Le temps confiné, mais libéré d’une certaine façon, rendait aussi possible de m’unir en temps réel à la liturgie de Heures avec telle ou telle communnauté monastique.
On a beaucoup entendu qu’il fallait profiter de ce temps pour approfondir sa vie intérieure, son intimité avec Dieu… mais malgré tout pas toujours facile dans ce temps là !
Foi, persévérance, courage….trois mots d’une homélie du pape en mars en disent bien l’exigence
et il concluait en disant, Dieu ne déçoit pas …même s’il se fait attendre.
Avançant en âge, plus de 70 ans, j’ai, a un moment, réalisé que ce temps confiné imposé pouvait devenir un « entraînement » pour un autre temps (si Dieu me prête vie!), celui du grand âge et de la dépendance qui éloigne de la vie communautaire, sacramentelle et réduit, voire supprime, les liens avec la communauté paroissiale.
Travailler la patience et s’abandonner dans la confiance…Face à l’incertitude de la vie, garder la certitude de l’amour de Dieu.
Le refrain d’un chant de Taizé m’est souvent revenu en tête durant ces jours : Jésus, le Christ, lumière intérieure donne-moi d’accueillir ton amour !
Un souhait maintenant, que l’Eglise saisisse cette expérience que les chrétiens viennent, ou continuent de vivre, pour proposer une réflexion sur le sens profond de la messe et de l’eucharistie.
Pour les hommes de ce temps, ce serait bien dommage de repartir comme avant !