5ème Dimanche de Pâques
« Celui qui met en Lui sa foi ne saurait connaître la honte » (1 P 2,6)
Chers amis,
C’est la dernière ligne droite ! Nous voilà au seuil de ce qui ressemble à un premier goût de liberté après des années d’emprisonnement. Pourtant, nous n’avons pas connu de confinement depuis trop longtemps. Deux mois presque. Il y a un mois environ, nous en avions déjà assez. Mais l’annonce d’une date : le 11 mai, a été comme une lueur qui a percé le sombre « long tunnel » de l’attente. Certes, la « lueur » vacillait : assurance mêlée d’incertitudes et de doutes. Mais c’est l’espérance qui l’emporte. Aujourd’hui nous y arrivons. Nous allons franchir ensemble cette « dernière ligne » et continuer à marcher. C’est de cette manière qu’il faut vivre tous les jours : en espérant, en croyant dans la « bonté de l’avenir ». Une belle âme disait : « Vis pour ce que demain va t’offrir, et non pour ce qu’hier t’as enlevé. » On ne peut vraiment progresser sans la conviction d’un futur meilleur. Cette « conviction », c’est une croyance. L’espérance l’emporte et s’appuie sur notre volonté d’aller de l’avant malgré tout. C’est la foi.
L’auteur anonyme de la Lettre aux Hébreux affirme : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas » (He 11,1). Ému par cette vérité qu’il a vécue de si près et de façon privilégiée, Pierre ne pouvait cacher l’expérience de sa vie intérieure, de son âme sainte. Il dit : « Honneur à vous les croyants » (1 P 2,7). Pourquoi ? La raison se trouve juste avant : « celui qui met sa foi en le Christ – ne saurait connaître la honte » (1 P 2,6).
L’histoire des saints nous le montre. Un gendarme S.S. entre dans la cellule 103 et se tourne vers le père Kolbe. Il prend la croix de son chapelet et lui demande : « Tu crois en Jésus-Christ ? » « Oui je crois ! » répond le père Kolbe. Le S.S. le frappe alors violemment au visage et continue : « Tu crois encore ? » « Oui, je crois », accompagnant sa réponse de son regard planté dans les yeux de l’autre. Ce regard clair et calme irrite davantage encore le S.S. qui frappe le père Kolbe toujours plus fort en continuant : « Et tu crois encore ? » « Oui, je crois. » L’officier S.S. était furieux, mais il n’y pouvait rien. La colère de la haine d’un côté et le calme de la foi de l’autre s’affrontaient dans cette cellule. Le S.S. finit par quitter la cellule en claquant violemment la porte. Car celui qui a la foi ne connaîtra jamais la honte.
Oui, le père Kolbe mourra plus tard certainement. Justement parce que, animé par la même foi et l’espérance, il a choisi de donner sa vie pour un père de famille. Mais l’immortalité de son nom, de sa vie, de ses œuvres, annoncent aujourd’hui la gloire impérissable dont il se réjouit dans l’éternité bienheureuse. Car cette foi ne se réduit pas à un moment fugace de consolation émotionnelle, sans douleur physique. Non ! La validité de notre foi ne se mesure pas à l’aune de notre confort actuel. La foi est une expérience qui appartient à l’avenir, à ce qui est déjà là mais pas pleinement. Lorsque les autres prisonniers, témoins de la scène, commencèrent alors à exprimer vigoureusement leur désapprobation devant une telle cruauté, jusqu’à maudire le S.S., le père Kolbe leur dit simplement : « Ne vous laissez pas emporter. Vous avez déjà assez de problèmes. Il n’y a rien là de bien grave. Il nous faut plutôt prier pour ce pauvre homme. J’offre tout cela à l’Immaculée. »
C’est bien là le message : « Ne vous laissez pas emporter. » Le Christ le dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Cette foi en Dieu et en son Christ, qui avait animé Etienne (l’un des sept diacres et premier martyr de l’Église) devant le Sanhédrin. C’est la même foi, traversant tous les siècles, fait qu’un homme (le père Kolbe) si meurtri, si torturé, devant une telle méchanceté inouïe, puisse tenir le coup. C’est le Christ Lui-même ! La « pierre rejetée par les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle ». C’est Lui « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Sans doute, « le juste vit de la foi » (He 10,38). Et il connaîtra jamais la honte. Car cette foi est habitée par une Personne : le Christ, l’image parfaite du Père. C’est ainsi que nous arrivons à dépasser toutes nos difficultés et épreuves présentes, toujours poussés par cette mystérieuse énergie en nous, même face aux pires obstacles. Nous ne saurons jamais nous arrêter au milieu du chemin. Avançons-nous donc, devançons le temps, projetons sur l’avenir. Car l’espérance ne déçoit pas et jamais nous ne connaîtrons la honte.
Bon dimanche, bon achèvement du confinement dans l’espérance d’un meilleur avenir et d’une meilleure humanité !
Dominic +
Quelques orientations pour cette première phase du « dé-confinement » :
Pas encore de messe dominicale jusqu’à nouvel ordre. Nous vous tiendrons au courant, mais seulement à partir du 27 mai, si nous auront une messe paroissiale pour la fête de la Pentecôte.
Les locaux de la paroisse seront ouverts, mais pour seules les visites strictement nécessaires.