5ème dim. de Carême
« J’ouvrirai vos tombeaux et vous vivrez ! » (Ez 37,12.14)
Chers amis,
Bonjour et que la paix du Christ Seigneur soit toujours avec vous !
Comment recevoir aujourd’hui ce « message de vie » dans un monde et une période où les heures du jour nous « agressent », par les médias, avec les nouvelles du nombre croissant des malades et des morts ? « Ce n’est plus une vie ! » L’exclamation désolante de bien des gens, lorsque les difficultés se multiplient, lorsque les conditions de vie deviennent dures, comme la situation mondiale actuelle.
Sûrement, le monde ne sera plus pareil après. Tout d’un coup nous commençons à reconnaître que nous ne sommes que des habitants d’une « toute petite » sphère, bien plus liée qu’on a pu imaginer. Tout d’un coup, la politique, l’emploi, l’argent, le voyage, le commerce, les loisirs, etc. ne comptent plus. Une seule chose compte : l’haleine. Nous voulons respirer. Nous voulons vivre. C’est bien ce que menace le virus : cette chose pourtant insaisissable, infiniment petite ! Mais d’où viennent l’haleine et la vie ? Le monde s’est-il suffisamment posé cette question ? Faut-il passer par le « chemin du virus » pour la poser ? Question fondamentale qui renvoie à l’essentiel.
Vivre ! Voilà le message de ce dimanche ! Seul Dieu est capable de donner la vie aux hommes, même dans des circonstances les plus désespérantes, et de la sustenter. Sur les longs chemins qui ont conduit le peuple élu vers l’exil, les perspectives de l’avenir, pour les déportés comme pour les rescapés, paraît sombre. Le peuple semble être condamné à disparaître. C’est dans une telle situation que le prophète Ézéchiel reçoit une vision extraordinaire, où il se trouve dans une vallée recouverte de squelettes. Or, voici qu’à l’appel du Seigneur, ces squelettes se sont levés, se sont couverts de chair et de peau, se sont remis à vivre. C’est la même leçon que nous fait, dans l’évangile, le cas désespéré de Lazare, transformé en joie : où et pour qui d’autre, aurait-il pu être possible de ramener à la vie un homme mort, quatre jours après son expiration ? Seul Dieu a pouvoir sur la vie et sur la mort. Mais c’est la vie qu’il réserve pour nous. Comme il le dit : « Je suis venu vous donner la vie et en abondance » (Jn 10,10). Lui seul peut rattraper toute condition partie à la dérive et transformer toute tristesse en joie inattendue. C’est ainsi qu’il fera renaître ce monde et montrer ainsi sa puissance de salut aux hommes.
Vivre ! Voilà le message d’aujourd’hui ! Seul Dieu est capable non simplement de donner la vie, mais aussi de nous apprendre comment la vivre. Cette vie n’est faite ni de la chair, ni du sang. Dans le langage de Paul, la chair c’est l’homme qui est « otage » de lui-même, « enterré dans le tombeau de ses désirs ». Nous sommes tous prisonniers d’un monde qui nous enserre comme un tombeau. Plus encore, nous sommes prisonniers de nous-mêmes, de nos habitudes, de nos conforts, de nos consommations, de nos peurs, de nos vanités, etc., et ce couvercle ne pèse pas moins sur nos tombeaux que ne le fait la société. Le monde vit, jusqu’à présent, dans la chair. C’est tout le contraire de la vie qui vient de Dieu : elle est esprit et suscitée par l’Esprit divin : « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37,14). Elle nous permet de nous situer face à Dieu, face aux autres, face au monde et ses angoisses. C’est elle qui continue de nous aider à faire face à l’angoisse présente de l’épidémie inédite, sans jamais nous désemparer.
Cette vie qui vient de Dieu est indestructible. Elle est déjà donnée à celui qui est traversé par la foi. La réanimation de Lazare – septième miracle raconté par Jean (7 est le chiffre parfait) – est par excellence le signe qui nous introduit à Pâques. En se donnant la peine pour venir guérir son ami, Jésus annonce, par-là, qu’il est la « santé du monde », accomplie de façon mystérieuse et définitive sur la croix. Son geste doit nous redonner l’espérance de la Résurrection : une résurrection de l’humanité à venir, un espoir du monde à vivre dès aujourd’hui. Car en Lui, nous sommes rendus capables de vivre et de revivre, de briser le tombeau des angoisses présentes et d’en remonter. Accédant à l’amour, nous participons dès maintenant à une existence qui surmonte pour toujours la mort.
Concluons avec l’exhortation de Saint Augustin :
« Le fleuve des choses temporelles nous entraîne ; mais, comme un arbre au bord du fleuve, est né Notre Seigneur Jésus-Christ… Il a voulu en quelque sorte se planter au bord du fleuve des choses temporelles. Tu es emporté par le courant ? tiens-toi à l’arbre. L’angoisse du monde te roule dans son tourbillon ? Tiens-toi au Christ. Pour toi il s’est fait temporel, afin que tu deviennes éternel, il s’est fait chair pour que tu sois la demeure de l’Esprit, il est mort, afin que tu vives » (Iam Epist. Joan Tr., II, 9-10.)
Bon dimanche à toutes et à tous. Bon courage pour ce temps difficile. Surtout bon discernement de ce que le Seigneur a à dire à l’humanité en ce carême inédit.
Dominic +
NB :
- Les célébrations pascales seront assurées par les prêtres en privée ou en toute discrétion, l’église fermée.
- Le Baptême des catéchumènes aura lieu lors de la Vigile de la Pentecôte, le 30 mai au soir.
- Tous les jours, à 15h, messe célébrée par Dominic pour les paroissiens. Vous pouvez vous y joindre spirituellement. Les prêtres vous portent dans leurs messes privées.
- Il vous est possible d’envoyer, pendant ce temps, vos intentions de messe. Rendez-vous ici : https://st-augustin-rennes.fr/deposer-une-intention-de-messe/
- Messe en direct par Mgr Alexandre Joly : tous les dimanches, à 11h, sur Youtube.
- Sinon messe à 11h sur France 2 au Jour du Seigneur, à 18h30 sur KTO, et à 10h (à la radio) sur France Culture.
- Le Pape François célèbre la Messe tous les jours de semaine à 7h et cette Messe est diffusée par KTO. De même, le chapelet de Lourdes est diffusé par RCF à 15h30 tous les jours.