5° dimanche TO
« Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les sans-abris, couvre celui que tu vois sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. » C’est presque le même langage que Mt 25. On est souvent tentés de voir dans un tel langage de la charité un simple appel au partage des richesses matérielles. La charité ici prêchée par le prophète va plus loin.
D’une part, il indique clairement que la charité, pour être complète, doit inclure dans sa portée l’empressement de faire disparaître « le geste accusateur et la parole malfaisante ». Paul disait dans le même esprit : « Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui écoutent » (Ep 4, 29). Il semble que souvent, on ne se rend pas compte jusqu’à quel point nos paroles peuvent manquer de la charité chrétienne et s’avèrent blessantes. Jésus lui-même, la Charité incarnée et l’Amour vivant, dans son interpretation du vrai sens de la Loi, a montré que l’on ne tue pas seulement physiquement, mais aussi moralement et spirituellement, au moyen de paroles peu charitables et négligentes (cf. Mt 5,21-22). La charité doit toucher jusqu’à la moindre pensée de nos cœurs, d’où découle la parole. Ce moment de grâce où l’Esprit et la puissance de Dieu viennent féconder l’intelligence humaine et prennent possession de la personne.
D’autre part, le prophète nous rappelle que la charité doit avoir comme principe la règle d’or : « si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires. » Souvent, nous donnons de nos surplus. Nous donnons avec la « tête » et non pas avec le cœur. Nous mesurons notre charité, alors que la vraie mesure de la charité est « charité sans mesure ». La charité doit dépasser les simples « œuvres caritatives et protocolaires » qui visent, au mieux, à remplir ce qui est « politiquement correct » ou, au pire, à servir soi-même sous prétexte de l’humanité. En effet la charité doit être totale, complète et entière, absolument désintéressée et détachée. Sa figure parfaite n’est-ce pas ce Dieu de Jésus-Christ qui donne tout, si totalement qu’il ne recule même pas devant sa propre vie. C’est par cette charité totale et désintéressée que nous pourrons être « sel » et « lumière » du monde.
Dominic +