4iem dimanche de l’Avent
Un signe ! Les anthropologues et les sociologues en distinguent deux types. Un premier n’a pas de « rapport naturel » avec sa réalité signifiée. Comme la flèche ou le panneau qui indique la direction d’une ville. Un second, souvent appelé « symbole », jouit a contrario d’une relation de nécessité avec sa réalité symbolisée. Par exemple : la ressemblance de l’enfant à sa mère, la fumée comme signe dufeu, etc. Le symbole participe donc à l’être même de sa signification.
De fond en comble, l’existence de l’homme est faite de signeset de symboles qui lui parlent. Il dépend de l’extérieur pour faire parvenir l’intérieur. Nos rites renvoient à notre dépendance du concret, des images, des gestes, des sons, etc.,dans notre rapport avec l’invisible. C’est déjà le « mystère de l’incarnation » qui s’accomplit : un aboutissement, chez l’homme, de son aspiration la plus fondamentale qui est d’exprimer son état d’esprit, de dire un mot à son Créateur. C’est le sens même des rites. Mais c’est aussi le « mystère du langage ». Qui dit langage dit un besoin, le plus fondamental de la personne : s’exprimer, parler, faire signe. Au fond, c’est la recherche d’autrui. St Augustin affirmait une idée pareille :« La seule raison qu’on a de signifier, c’est-à-dire de faire des signes, est de mettre au jour ou de faire passer dans l’esprit d’autrui ce que porte dans son esprit celui qui fait signe » (Doct.christ., II, II, 3). Le philosophe existentialiste, Gabriel Marcel, rappelle que le Je n’est point complet sans le Tu et que la vraie nature du langage est la « pensée qui pense l’autre ». C’est la parole !
Langage et Incarnation ! Dieu est la Parole elle-même, la Parole parlante. Le Logos, le Verbe, comme le dit Jean 1. Son langage, c’est l’Incarnation. « Il a parlé par son Fils » dit He 1, 2. Il nous a fait signe. Si le langage est avant tout le moi(intérieur) à la recherche d’un toi (extérieur), son expression fondamentale est donc l’amour. Voilà pourquoi l’Incarnation est le mystère de « la plénitude de l’Amour » de ce Dieu venu dans la chair à la « recherche d’autrui humain ». « Dieu est amour » (Jn 4,8). Le signe donc ! Dieu passe par là aussi. Sonsigne n’est pas celui qui se détache de son sens, ou qui n’a rien à voir avec sa signification. Non ! Lorsque l’Esprit dit : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils ». C’est Lui, le Créateur du cosmos, le fruit de cette enceinte,c’est Lui ce fils. Lorsqu’il dit : « un bébé nous est né », c’est le Dieu souverain même ce bébé. Chose aussi étonnantequ’incroyable ! Dieu est le signe et la réalité. Il le dira : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). Car « il est l’image du Dieu invisible » (1 Col 1,15). Symbole divin ! Les sacrements deviendront ainsi rites sanctifiants, car ils sont à la fois signes et le signifié. C’est l’histoire de l’humilité, de l’abaissement, de l’altruisme inouï de Dieu. Nous aussi, comme baptisés, nous avons besoin de signes, de langages. Nous voulons nous faire entendre, nous exprimer, par les rites que nous aimons. Mais l’essentiel, n’est-ce pas : quel que soitle signe ou le langage que j’emploie, que cela « ne fatigue niles hommes ni Dieu ? L’amour : voilà le seul signe qui vient de Dieu ! C’est notre Christ Jésus. Dominic +