3 témoignages de membres de la paroisse pour les obsèques de Miryam Cruls
Témoignage de Cécile Mignot
Quelques mots pour évoquer la place qu’a eue Miryam auprès de nos enfants quand nous l’avons connue à son arrivée à Rennes.
Leurs messages aujourd’hui nous disent leur reconnaissance pour ce qu’elle leur a donné. Elle avait avec eux l’exigence qu’elle avait avec chacun ; elle les éveillait avec pédagogie à la vie du monde, leur transmettait son goût de l’indépendance d’esprit et de vie ; elle leur apprenait à vivre ensemble en étant créatifs par la peinture, le tissage, les jeux de société, de stratégie , de culture générale où elle épinglait leurs failles avec vivacité !. Elle partageait les fêtes familiales, rapportait des cadeaux des 4 coins du monde et aimait emmener l’un ou l’autre en voyage – culturel de préférence, pédagogique sûrement : Rome, Londres, Bruxelles, la Tunisie, l’Irak… Que d’ouverture à la différence, à la culture et à la vie.
Miryam, avec nos enfants, nous te sommes reconnaissants d’avoir été l’amie, la ‘grande tante’ de nos familles. Tu nous a enrichis par ton esprit ouvert et cultivé, ta pensée ferme et tranchée, ta liberté d’être et de chercher Dieu ; et tu nous as permis d’apprivoiser ta façon vigoureuse, voire rugueuse …’ cocasse’, a dit un de nous enfants… de nous aimer.
Pour ce que tu as tissé avec nous et nos enfants, nous te disons Merci.
Témoignage de Benoit Lanternier
A la fin des années 2000, notre Miryam avait à peu près 76 ans, nous avions bien repéré cette personne qui faisait des annonces toujours claires et audibles.
Parmi les nombreux groupes de vie paroissiale, elle proposa une première année l’étude de l’évangile de Saint Matthieu. Ce fut un succès, au point qu’il fallut dédoubler les ateliers les années suivantes ! Chaque année, un nouveau sujet nous était proposé, le dernier : « Qui donc est Dieu ? »
Pour ma part, avec un peu d’humour, je me délectais immédiatement de son bonheur à nous enseigner, elle était transfigurée, rajeunie… Ses compétences des langues anciennes et orientales, son ouverture aux dernières nouveautés dans la recherche et la réflexion théologique étaient considérables. Elle nous livrait la maturité de sa foi. Nous repartions toujours avec une idée nouvelle, et avec sa joie de partager et transmettre.
Loin de monopoliser la parole, elle préparait avec soin et pédagogie des outils toujours parfaits pour nous faire travailler en petits groupes, pour nourrir les moments d’échanges qu’elle organisait. Elle nous donnait même des devoirs à faire à la maison et nous aidait à en faire la synthèse par la suite.
Miryam nous offrait son temps avec générosité pour la préparation et l’animation des ateliers. Elle enseignait deux groupes par mois et parfois un partage de la Parole le dimanche matin. Elle venait en bus depuis le quartier Saint-Hélier à 85ans et plus !
Elle nous fit profiter de son ouverture aux richesses de nos frères protestants, aussi bien par les bibliographies signalées, que pour les préparations des semaines de l’unité avec les conférences des théologiens protestants et aussi avec les cérémonies du Vendredi Saint qui nous réunissaient à Saint-Augustin ou au Temple.
Le lundi 1er février à l’hôpital et le mardi 2 février au téléphone, elle me demandait de trouver chez elle pour le lui apporter « son En-Calcat » ! Ne comprenant pas très bien, avec mon épouse Catherine, nous lui proposons d’amener sa Bible… Elle insiste et répète sa demande. Nous avons fini par deviner qu’il s’agissait du commentaire de l’Evangile de saint Marc, proposé par le Père d’Harmonville de l’abbaye d’En-Calcat. Elle était toujours sur le chemin d’Emmaüs à essayer de comprendre et vivre les Ecritures. Elle nous a transmis sa passion de Jésus-Christ. Elle a rejoint son Seigneur qu’elle espérait tant à la veille de son 87eme anniversaire. Tu nous manques déjà. Merci Miryam.
Témoignage de Fr. Norbert-Marie Sonnier, op
J’ai appris hier matin le décès de Myriam.
Je faisais mémoire de notre collaboration… qui avait mal commencé : nous nous étions disputés au sortir d’une messe animée par les étudiants, elle me faisait remarquer qu’ils feraient mieux d’apprendre à parler devant le micro que de faire des génuflexions !!!
Par la suite, j’ai découvert une femme vraiment donnée à l’étude de la Parole de Dieu, au service de la communauté pour faire découvrir les richesses de la Bible (s’étonnant souvent qu’il n’y ait pas plus d’auditeurs à ses conférences), ouverte à l’œcuménisme (l’organisation de sa session de janvier lui tenait tant à cœur), mais aussi disponible pour le service des autres. Comme quoi, on gagne toujours à aller plus loin que la première impression !
C’est une figure « historique » de saint Au qui s’en va; j’espère que l’on saura la remercier pour ce qu’elle a fait et rendre grâce pour l’éveil biblique et théologique qu’elle a voulu mettre en œuvre.
Somme toute, les « femmes » m’auront fait progresser dans ma vie ecclésiale : elles m’aident à faire bouger mes lignes de frontière pour éviter qu’elles ne deviennent des murailles infranchissables dans lesquelles on se construit un univers bien à soi où l’altérité n’a pas trop de place pour inviter au changement, au déplacement, à la conversion …