2° dimanche TO
« Voici… ! » C’est un langage de présentation. On présente quelque chose ou quelqu’un à un autre. C’est-à-dire, on fait connaître à celui-ci ce qu’il ne connaissait pas auparavant. Ce geste de « faire connaître le Christ » est la plus grande vocation que nous avons reçue, toute l’humanité, mais encore plus en tant que chrétiens.
Il s’agit de redécouvrir en nous le sens de la vocation, de l’appel. Isaïe expose soigneusement deux différents niveaux de ce « sens de vocation ». Le premier est plus spécifique, localisé et limité dans son envergure : « ramener Jacob ou rassembler Israël ». Cela peut être assimilé à ce qu’on considérera volontiers aujourd’hui comme « professions » et « spécialisations ». Il va sans dire que nous avons tous reçu des appels spécifiques, selon nos différents engagements particuliers et professionnels : comme mères, pères, étudiants, enseignants, avocats, juristes, magistrats, médecins, pharmaciens, infirmières, ingénieurs, scientifiques, etc. Il est aussi clair que l’on est appelé à briller comme lumière, à être une inspiration pour les autres, dans l’exercice compétent et technique de ces états de vie et professions, dans leurs espaces limités. Cela demande beaucoup d’efforts d’apprentissage et de pratique. Il exige un bon savoir-faire.
Mais au-dessus de ce premier niveau, le prophète met l’accent sur l’autre type de vocation : universelle et illimitée dans sa portée. « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » Ici, tout homme, mais surtout le croyant, reçoit un appel qui va au-delà du simple exercice de compétence technique et de devoir temporel. Ici, nous rejoignons le Baptiste, appelés comme lui à manifester le Christ à un monde qui en manque de Le connaître, à lui partager la Lumière. Ce monde peut être celui de mon lieu de vie, de travail ou d’exercice professionnel. Ici, nous sommes appelés, comme Marie, à « donner le Christ au monde » de la famille, à transmettre, contre vents et marées, la Lumière de la foi aux enfants et petits-enfants. Ici, nous sommes appelés à « montrer » le Fils de Dieu à un monde en attente de notre amour, affection et consolation. Ici, nous aimons le Christ et nous le faisons aimer par ceux que nous rencontrons sur notre chemin de vie, en veillant à ce que chaque personne que nous croisons au quotidien (à la rue, au travail, à l’école, au blablacar, au marché, etc.) soit laissée plus heureuse et plus digne. Ici, nous ne nous acquittons plus de nos tâches professionnelles uniquement parce que nous sommes payés ou que nous avons besoin de gagner notre vie, mais parce que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes le sens de la charité du Christ, dans laquelle nous allons plus loin, au-delà des exigences de nos devoirs professionnels. Ici, nous sommes donc plus des « témoins » que des « experts ».
Dans la plus haute vocation, nous sommes, comme le dit Paul, « apôtres » et « saints », plutôt que de simples croyants. Ici, la manière dont nous croyons : catholique, orthodoxe, protestante, réformée, pentecôtiste, etc., n’est pas la plus importante. Ce qui l’est, c’est que nous sommes tous des enfants de Dieu qui s’aiment, une seule famille humaine, « avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre ». Oui, cela compte, que nous parlions le seul langage que comprennent tous les hommes : l’Amour. Ce niveau plus haut de la vocation est le seul qui nous permet de reconnaître, comme Jean, que le Christ est l’Agneau de Dieu, le Fils du Père et l’aspiration de toute l’humanité. Gardons le courage de travailler et de prier sans cesse pour l’unité des chrétiens. Bon dimanche !
Dominic +