Épiphanie
Rencontre des sagesses ! « Sagesse de Dieu » et « sagesse du monde ». Les mages étaient des astrologues païens de la société hellénisée. Leur visite à l’« enfant-Dieu » de la crècheest un signe à double sens : d’« accomplissement » et de « prophétie ».
Par la grâce même de l’incarnation de Dieu, leur visite estsigne de l’« accomplissement » des aspirations de l’humanité pour l’invisible, dans toutes les religions, cultures et civilisations. Elle est aussi un signe « prophétique », car cette rencontre des « sages païens » avec le Divin-enfant, symbole de la rencontre du Ciel avec la terre dans la même personne (Jésus), prévoit dès lors toutes les autres rencontres de la Sagesse (la Parole divine) avec les autres cultures.
Sur ce point, peut-on penser que la concordance parfaite entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et la foi en Dieu, fondée sur la Bible, est une œuvre du hasard ? Je pense que non. La rencontre du message biblique et de la pensée grecque n’était pas le fait du hasard. La vision de saint Paul, à qui les chemins vers l’Asie se ferment et qui ensuite voit un Macédonien lui apparaître et le supplier : « Passe en Macédoine et viens à notre secours » (Ac 16,6-10), peut être interprétée comme un condensé du rapprochement, porté par une nécessité intrinsèque, entre la foi biblique et la sagesse grecque. En référence au tout premier verset de la Genèse, Jean, le bien-aimé du Christ, n’a-t-il pas ouvert son évangilepar ces mots : « Au commencement était le Logos » ? Logosdésigne à la fois « la raison » et « la parole » – une raison qui est créatrice et capable de se communiquer. Et si Jean se réfère à ce Divin-enfant comme « Logos ou Verbe de Dieu », qui était déjà là au commencement du monde, c’est pour dire que sa naissance n’est qu’« évènement temporel » d’une réalité qui dépasse le temps et l’espace. Mais une réalité qui se communiquait déjà, dès les origines du monde, bien que de façon intellectualiste et obscure, aux cœurs des hommes sages et chercheurs de l’invisible. Réalité divine qui s’humanise, « Verbe fait chair », pour le seul but de rencontrer le genre humain, de manifester la vraie forme et nature de Dieu, et ainsi rassurer les hommes que : Celui qu’ils cherchaient à tâtons, dans les ombres des mythes religieux, est le Dieu réel et vivant. C’est le sens de son étoile bien distinguée et vue parmi les autres étoiles du ciel.
Nous aussi, nous sommes en quête de l’Invisible. La visite guidée des mages a un mot à dire. Que nos recherches spirituelles commencent à aboutir seulement lorsque nous saurons nous laisser guider, non par l’astuce, la ruse, d’un puissant au cœur tortueux ou d’une intelligence vicieuse, mais par l’étoile de la foi qui amène à la « fragilité » de la simplicité et de l’humilité inouïe d’un « Dieu caché », couché en enfant, et qui cherche à nous rencontrer au fond de nos cœurs, tous les jours de cette nouvelle année qui vient de commencer, pour combler nos attentes. « Les nations marcheront vers sa lumière et les rois, vers la clarté de son aurore…Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers lui, vers lui viendront les richesses des nations » (Is 60,3.5). Que cette Lumière naissante du Christ éclaire nos pas tout au long de l’année 2020. Bonne, heureuse et sainte année à toutes et à tous, avec mes vœux les meilleurs.
Dominic +