4° témoignage de Carême
Nous venons témoigner d’un chemin, d’une expérience de confiance et d’espérance.
Parce que le scoutisme nous a donné le goût de randonner et bivouaquer en montagne, l’annonce de la maladie de Nathalie, la présentation du protocole de soin, l’attente pressante d’un diagnostic ouvrant une perspective favorable, la mise en place des soins, leurs effets ont été une redoutable ascension dans le brouillard et la nuit. Mais le brouillard s’est dissipé, cheminer est devenu moins ardu, le sommet s’est annoncé, déjà pointait la lumière du levant.
Alors, aujourd’hui avec vous, on se réjouit de pouvoir se dire que c’était du coriace, mais qu’on y est arrivé ! »,
Chacun de nous deux a en tête tous les moments où la carte, la solidité de son bâton de marche, les semelles qui accrochent et évitent de déraper, les encouragements engagent à un nouveau pas malgré l’envie de renoncer, ces moments où il a éprouvé la confiance.
Chacun de nous deux revoit ces moments où malgré la fatigue , le manque de visibilité,
le chemin se dessine,
ces moments où s’affirment à chaque pas,
le fait que l’on a eu raison de s’engager dans cette ascension en y espérant le sommet.
Mais si l’ascension a été commune,
chacun l’a vécu personnellement, intimement, l’une comme actrice , l’autre comme témoin.
C’est pour cela que nous vous proposons deux lectures de l’expérience.
« Ne crains pas car je suis avec toi , ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu, je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante »
Ce psaume d’Isaie est devenu pour moi, parole vivante, le jour où, alors qu’on nous avait annoncés ma maladie, je recevais de ma filleule de 20 ans ces quelques mots. Sans doute, déjà, un clin d’œil de l’Esprit Saint qui s’invitait dans cette aventure. Ce psaume, Je l’ai lu et relu et m’y suis réfugiée dans les moments les plus difficiles.
Pour autant, le chemin était long, et je sentais que jen’y arriverai pas toute seule. J’ai fait alors l’expérience d’être entourée, une chaine humaine ininterrompue durant de longs mois, qui a pris soin de moi, m’a ouvert les yeux sur ce que voulait dire : vivre la communion, être en communion avec les vivants, j’étais portée, soutenue et j’en avais besoin compte tenu de l’Avenir incertain, de la peur et l’appréhension des traitements.
Alors, quand un dimanche matin au moment des annonces, Pierre a entendu l’invitation à une rencontre par le groupe Présence sur le sacrement de l’onction des malades, il m’a dit, c’est pour toi, ce à quoi je lui ai répondu, mais pas du tout. Son obstination a eu raison de ma résistance, et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il s’agissait d’un sacrement de Vie, le sacrement de la tendresse de Dieu. Il y avait une nouvelle étape à vivre et jean Claude a eu la parole décisive : ça peut pas faire de mal.
A cela, un de nos garçons a ajouté : sacrement= fête. J’ai reçu le sacrement, il y a eu une fête. Je dirai aujourd’hui que ce sacrement a été un nouveau départ.
Une forme de sérénité, de confiance s’est installée qui ne m’a plus quittée. Je n’étais pas seule, nous n’étions pas seuls face à cette ascension. Je pouvais accepter l’expérience de la fragilité, de l’humilité, de la vulnérabilité tout en trouvant une énergie et une force insoupçonnable.
Alors Oui, nous venons témoigner d’un chemin de confiance et d’espérance.
Car soutenir Nathalie dans cette étape de vie, ce n’était pas tant l’encourager, le courage c’est une vertu philosophique, c’est un idéal moral. Non, c’était l’accompagner dans l’acceptation de prendre un chemin non souhaité,c’était d’être témoin à ses côtés des forces de vie que Dieu nous donne au quotidien et par les sacrements, et à y puiser la force.
Etre témoin que l’expérience de nos vies, si nous voulons les lire ainsi, sont des paraboles vivantes, où Dieu se révèle discret et disponible, dans le quotidien et les sacrements
Expérience où, alors que s’annonce une ascension redoutable, depuis la vallée, depuis nos profondeurs, depuis les abîmes crier vers Dieu, n’est pas sans réponse,
que c’est dans la reconnaissance et l’acceptation de notre faiblesse et notre vulnérabilité que nous devenons forts, forts de la manifestation de la tendresse de Dieu, forts car nous sommes rassurés devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur promis.
Expérience que les enfants, les amis, les collègues, les proches, les parents, la communauté, mais aussi notre société à travers la sécurité sociale sont les samaritains que Dieu met sur notre route,
Expérience, que les soignants sont les intendants vertueux de la parabole des talents,
Expérience en couple du chemin d’Emmaüs, où alors que la maladie bouscule les promesses d‘avenir et les projets, Dieu se met à notre pas, pour éclairer l’épreuve et pour nous aider à puiser des forces dans la route déjà parcourue,alors le partage du pain prend une saveur inédite,
Alors, oui loué sois tu, Seigneur, pour ce chemin d’expérience de la confiance et de l’espérance, il est chemin de charité.
Et si ce chemin se présente à vous, gardez confiance, il porte à l’espérance.
Nathalie et Pierre MONEGER-ROGGE, St Augustin