Lettre aux hébreux – lecture partagée des 13/14 octobre 2018

JÉSUS

« APÔTRE ET GRAND PRÊTRE » He 3,1

COMPRENDRE, CÉLÉBRER, CONFESSER…

• 27e Dim. T. ord : JÉSUS FRÈRE
• Dim. 14 octobre 2018 : JÉSUS PAROLE du PÈRE

 

He 4,12-13 :
12 Frères, elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur.

13 Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes.


 

JESUS PAROLE DU PERE
La Parole… qu’est-ce à dire ? La Parole est vivante, énergique, plus coupante qu’une épée… Elle se situe entre l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles. Elle juge des intentions, des pensées, du cœur…
Curieusement, il y a dans ce court texte deux allusions à la Genèse. D’abord l’affirmation que la Parole sépare : dans la Genèse, Dieu sépare la lumière et les ténèbres, le ciel et la terre, les eaux et la terre ferme… et chaque fois « Dieu vit que cela était bon ». Ici, l’auteur de l’épître aux Hébreux affirme avec vigueur que la Parole de Dieu est plus coupante qu’une épée à deux tranchants, qu’elle tranche entre l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles…
L’autre allusion est la nudité : la Parole met à nu. Adam et Eve étaient nus devant Dieu. Jésus était nu sur la Croix. Qu’est-ce que cela signifie ? Le vêtement peut être ou une armure ou un déguisement. Après le péché, Adam et Eve s’empressent de coudre un vêtement. Ils ne peuvent désormais paraître devant Dieu que revêtus d’une armure ou d’un déguisement. Jésus sur la Croix meurt nu, dans sa vérité première… Il n’est pas un Messie glorieux, il est le Serviteur annoncé par Isaïe, il est le Fils de l’Homme proclamé par Daniel, il est le Bien-Aimé entrevu par le Baptiste…


 

Lecture partagée      JÉSUS PAROLE DE DIEU

• Comme une épée à « deux tranchants » (v 12) cette parole ne “passe“ pas sur nous, mais “agit“ au plus intime : doublement, tel un bistouri pour redonner vie à notre vie ou, telle une lame pour trancher dans nos œuvres mortes…
• Devant cette parole, « tout est nu devant elle » (v 13) : cette parole ne dénude pas mais traverse nos artifices, nos parodies ; cette parole est un regard, celui de Dieu qui nous rend “visible“ à sa miséricorde…
• Ainsi cette parole est « vivante » (v 12) car elle agit en nous et pour nous ; pas une créature n’échappe à cette sollicitude divine (v 13) nul n’est abandonné ; nulle curiosité obstinée et totalitaire dans cette attention, mais un regard d’amour et de tendresse… éternel…
• Ainsi cette parole est « tranchante » non pour tuer ou faire vivre mais pour séparer dans la créature le “vivant“ du “mort“, le sarment qui portera du fruit de celui qu’il faudra jeter au feu ; une liberté dont il faudra « rendre des comptes » (v 13)…
• Cette parole « juge », opère un discernement « du cœur » endurci (He 3,8.10.12.15 ; 4,7) car « en perdant la simplicité et la pureté qu’il faut avoir à l’égard du Christ » (2Co 11,3b) au cœur de l’homme n’habite ni grâce ni vérité…


 

Lecture méditée     UNE PAROLE VIVANTE ET INOUÎE

Dés les premiers mots de la Bible la parole de Dieu agissant sur l’incréé séparait les éléments: la lumière des ténèbres, la terre et l’eau, le ciel et la terre ; désormais sur le créé, la même parole éternelle agit : « Dieu dit », Dieu nous dit et en nous la lumière est séparée de la ténèbres, la terre ferme des eaux qui engloutissent ; une parole inouïe et vivante qui touche sans briser, qui relève sans jugement, qui aime sans calcul…
Trois termes grecs de ces deux versets n’ont été utilisés qu’une seule fois dans la Bible qui décrivent l’action de la parole telle une chirurgie de notre siècle : incisive, sûre et réparatrice… Notre vulnérabilité n’est pas niée mais protégée, notre précarité n’est pas reniée mais aidée ; notre autonomie n’est pas “dissoute“ mais préservée…


 

Pour aller plus loin…

• Déjà au livre de la Genèse, Dieu “dévoile“ la faute de l’homme : « Le Seigneur Dieu appela l’homme et lui dit : “ Où es-tu donc ? “. Il répondit : “ J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché “ » (Gn 3,9-10)

• Cette “nudité“ devant Dieu est LE moment de notre conversion nous dit Paul : « Mais vous, ce n’est pas ainsi que l’on vous a appris à connaître le Christ, si du moins l’annonce et l’enseignement que vous avez reçus à son sujet s’accordent à la vérité qui est en Jésus. (…) Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité » (Ep 4,20-21.23-24)

• Cette action de la parole de Dieu est décrite dans le Premier testament sous les “traits“ de la Sagesse : « Toute la réalité, cachée ou apparente, je l’ai connue, car la Sagesse, artisan de l’univers, m’a instruit. Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits (…) La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté » (Sg 7,21-24)

• Une parole « vivante » car évangélisatrice : « Ce n’est pas seulement l’homélie qui doit se nourrir de la Parole de Dieu. Toute l’évangélisation est fondée sur elle, écoutée, méditée, vécue, célébrée et témoignée. La Sainte Écriture est source de l’évangélisation (…) L’Église n’évangélise pas si elle ne se laisse pas continuellement évangéliser (…) Il est indispensable que la Parole de Dieu “devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale“. La Parole de Dieu écoutée et célébrée, surtout dans l’Eucharistie, alimente et fortifie intérieurement les chrétiens et les rend capables d’un authentique témoignage évangélique dans la vie quotidienne » (Pape François, EG 174)