25 mars 2018 – homélie du P. Henri Chesnel, vicaire général
Frères et Sœurs, nous célébrons le 50° anniversaire de la première messe à Saint Augustin aux Rameaux de 1968.
Il me semble que c’est un acte symbolique fort, nos églises de pierre sont au service de ce que nous voulons célébrer : ces lieux habités qui nous aident à mettre au cœur de la vie chrétienne le plus grand mystère de notre foi en un Dieu qui s’est fait si proche de nous en son Fils Jésus-Christ.
Nous contemplons en effet dans l’événement de la Croix l’immense amour que Dieu porte à notre humanité qu’Il ne cesse de créer et de recréer par son Esprit de vie et d’amour. Humblement mais avec confiance, nous lui ouvrons les portes d’une église de pierre mais surtout les portes de nos cœurs pour qu’Il les introduise dans ce mystère de Salut. Nous y accueillons le fruit de sa miséricorde infinie. Nous sommes rendus capables d’entrer en communion avec Lui et entre nous. Les portes de la mort ne se ferment plus sur nous. Nous découvrons notre dignité d’enfants de Dieu. Nous comprenons que la dignité de tout être humain trouve là son fondement : dans ce mystère de filiation divine, de vie éternelle, de fraternité accueillie, de solidarité vécue jusqu’au bout. C’est à cette bienheureuse lumière que nous nous éclairons, lumière inespérée, lumière rayonnante sur le visage du Bien-Aimé qui dit à son voisin du Calvaire dans l’Evangile de Luc : « Aujourd’hui avec moi tu seras dans le paradis » Oui, notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais celui des vivants !
En 50 ans, combien d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants sont venus dans cette église pour prier, partager avec d’autres, essayer de trouver un sens dans des conversations partagées, une parole accueillie, un sacrement célébré.
Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour tout ce qui s’est vécu dans ce lieu, autour de personnes, comme vous l’avez fait tous ces dimanches, non pas, je le pense, sous le mode de la nostalgie, mais sous l’angle du rendre grâce à Dieu qui a permis à tant de libertés de s’exprimer, de se confronter, de prendre soin, d’accueillir, de célébrer ce Dieu en Jésus qui est allé jusqu’au bout du don de sa vie.
Une église de pierres, mais, bien plus encore, une communauté de disciples est au service de cette annonce de l’Evangile, qui peut rejoindre le cœur de chacun, comme elle a rejoint le cœur de ce centurion romain dans l’Evangile de ce jour : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu ! »
C’est ce qu’avait su exprimer le pape François lorsqu’il s’adressait aux jeunes réunis pour le JMJ en 2013 à Copacabana : Il leur disait : « Il m’est revenu l’histoire de saint François d’Assise. Devant le Crucifix, il entend la voix de Jésus qui lui dit : « François, va et répare ma maison ». Et le jeune François répond avec rapidité et générosité à cet appel du Seigneur : « Répare ma maison ». mais quelle maison ? Peu à peu, il s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas de faire le maçon et de construire un édifice de pierres, mais de donner sa contribution à la vie de l’Eglise ; il s’agissait de se mettre au service de l’Eglise, en l’aimant et en travaillant, pour qu’en elle se reflète toujours davantage le visage du Christ. »
Etre au service de l’Eglise pour que beaucoup découvrent que cet homme est le Fils de Dieu. Mais est-ce vraiment lui ? Ce Jésus qui guérit les malades, qui parle aux méprisés, qui redonne aux exclus du courage et une place concrète dans la communauté ?
Comme au temps de Jésus, comme il y a 50 ans, à l’ouverture de cette église saint Augustin, et encore aujourd’hui, tant de personnes attendent celui qui porte en lui le message de la vie, de la vérité, du salut, de l’avenir !
Le grand prophète Isaïe annonce l’arrivée du Sauveur ! le Seigneur vient à mon secours ! Mais la soif du peuple sera-t-elle apaisée ? Ce n’est pas si simple d’accueillir ce salut dans nos vies compliquées. Et même une partie de ceux et celles qui ont salué Jésus en criant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! » va changer de camp et crier par la suite : « Crucifie-le ! »
Beaucoup de personnes sont plongées dans le doute : peut-on croire le message de ce Jésus ? Ne serait-il pas préférable de défendre la position des grands prêtres et des scribes ? Dans un temps d’incertitude, de peur, comme celui que nous pouvons vivre, c’est aussi la force de l’habitude qui peut prendre le dessus. Ce nouveau chemin de vie dont parle Jésus peut nous faire peur.
Alors, chers amis, dans cette église, dans nos consciences, au plus intime de nous-mêmes, mais aussi avec d’autres, contemplons, creusons en nous cette connaissance de Jésus qui reste jusqu’au bout, fidèle à sa mission.
Sur ce chemin, il n’est pas seul. Dieu le Père l’accompagne. Il faudra du temps pour comprendre la parole du centurion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
Jésus est le Fils de Dieu, il est la lumière, celui qui, par amour, a sauvé l’humanité. Non, ce n’est pas la mort, mais la vie qui a le dernier mot.
Comment ne pas penser à tous ceux et celles qui ont, un jour, et aujourd’hui encore, franchissent la porte de cette église, et aussi nous-mêmes, avec nos moments de soif, de doutes, nos moments de recherche de la vérité.
Parfois, nous sommes perdus, égarés ! Mais n’ayons pas peur ! Jésus est là, il nous accompagne. Il nous aide à trouver le bon chemin. C’est sa lumière qui nous montre la direction.
Par son entrée à Jérusalem, par sa passion, sa mort et sa résurrection, il nous sauve, il nous révèle le chemin de la vie.
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! ». Amen
P. Henri Chesnel, vicaire général