Mémoire de St Au – 25/02/18
Une paroisse effervescente
Dans le bulletin des paroisses de Rennes, datant de septembre 1968, il était question de l’an « 1 » de St-Augustin et on pouvait lire : « Jusqu’ici la paroisse est considérée comme un lieu de culte. Ne faudrait-il pas y voir autre chose ? Quoi ? Une maison de la culture religieuse », et plus loin : « Il faut faire de Saint-Augustin un centre qui aide l’homme d’aujourd’hui dans tous ses besoins spirituels, c’est-à-dire : un foyer de pensée religieuse, un centre de réflexion sur l’action, un temple où la communauté prie ». Et ce n’était que l’an « 1 » !
A la frontière de la ville et du campus universitaire, St-Augustin a été le lieu d’une certaine liberté critique, tant à l’égard de la société, dans le prolongement de mai 1968, que d’une église-pouvoir. Par la suite, elle est devenue une communauté reconnue dans son originalité, ancrée sur un quartier en plein développement, acceptée comme expérimentale par l’autorité. A la phase « politique » succède une recherche de plus grande intériorité. St-Augustin devient une aire de liberté spirituelle accueillant la diversité et ne se limitant pas au seul politique et faisant des 3 P (pour prière, partage, parole) son étendard avec 3 objectifs :
• que la vie de chaque groupe et de chacun retentisse dans l’ensemble
• que la communauté puisse interpeller chacun et chaque groupe
• que ces 3 points essentiels puissent concerner tout un chacun, tout groupe et tout l’ensemble de la communauté
C’est alors un foisonnement dans toutes des directions.
C’est l’option de la co-responsabilité qui, tout en intégrant les dix premières années de la vie de St-Au, prépare un nouveau temps d’église. C’est le temps de la mise en place de petits groupes prenant en charge les différents services nécessaires à la mission de la communauté C’est aussi le temps de la mise en place d’un conseil paroissial qui élit une équipe pastorale. L’insistance est mise sur la relation avec l’extérieur, le quartier, le monde de la santé mentale, le tiers-monde, le quart-monde, étudiants, étrangers, réfugiés, communautés diverses…
Le paysage se modifie peu à peu. Il faut accueillir de nouvelles réalités : le début des constructions dans la ZAC des Longchamps, la relance de l’aumônerie des lycées, la création d’une « instance formation » pour les jeunes, la prise en charge par les parents de l’éveil des tout-petits à la foi, la reconnaissance officielle des services (notamment celui de l’équipe pastorale), la prise en charge de la permanence d’accueil par des laïcs, la construction d’un bâtiment destiné à une présence d’accueil et de prière par une communauté de jeunes.
A St-Augustin, c’est le foisonnement de la vie. Chaque année s’allonge la liste déjà bien fournie des équipes, des groupes, des propositions. Les groupes sont si variés qu’il n’est pas étonnant que les échanges puissent être vifs. Cette diversité appelle à une conversion permanente des uns et des autres. Aussi est-il souvent question d’acceptation mutuelle, de tolérance, de pardon réciproque. Il s’agit d’avoir le souci de s’ouvrir à la différence quelle qu’elle soit : accueil des gens sur le seuil ou en marge, accueil des gens là où ils étaient dans leur chemin vers Dieu… le tout, avec une dimension pastorale importante.
Les deux premières décennies de St-Au, toutes « explosives » qu’elles furent, ont donné par la suite de beaux fruits : les uns institutionnels et plus visibles (un vicaire général, trois prêtres dont l’un sera évêque plus tard, deux religieuses, deux diacres); les autres plus intimes et subjectifs: en rejoignant concrètement les joies et les espoirs, les angoisses et les tristesses des hommes de ce temps » à travers l’accueil sans jugement ni a priori.
Notre communauté a pu témoigner que la Parole de Dieu pouvait donner sens et véritablement humaniser la vie de ceux qui pensaient que l’Eglise n’avait plus rien à leur apporter.
Avec le père Francis Méhaignerie, véritable visionnaire de cette époque, et pour tout cela, Seigneur, nous te rendons grâce.