Informations pastorales paroissiales
En cette fin d’année pastorale, je termine ma 3ème année comme curé de la paroisse saint Augustin ! Si l’on considère que les nominations de curé dans le diocèse sont faites pour une durée de 6 ans, me voici à mi-mandat. L’occasion m’est ainsi donnée de me livrer à un exercice de relecture pour partager avec vous quelques éléments qui me semblent marquants dans cette expérience nouvelle pour moi.
Ce qui a été déterminant dans ma réponse à la charge de curé à saint Augustin, c’est le nombre important de personnes engagées dans la paroisse pour des services articulés autour des 3 « P » : Parole, Partage, Prière. Je comptais à l’époque pas moins de 120 noms sur l’annuaire paroissial ! Et cette réalité, je n’ai cessé de la rencontrer et d’en bénéficier. Bien sûr, il y a cette notion de co-responsabilité que l’on vit avec les ministres ordonnés, les membres de l’équipe pastorale, du conseil des affaires économiques, etc. C’est une manière d’être responsable, tous et chacun, de cette paroisse, de ce qui s’y fait, de ce qui s’y vit. Mais, je découvre que cela n’est possible que si l’on fait appel à la générosité des personnes. Et c’est cette générosité qu’il me semble particulièrement important de souligner. Générosité qui pousse à donner de son temps et de son énergie pour que la paroisse vive, pour que l’Evangile soit annoncé, pour que les pauvres, les exclus, les marginaux, les migrants, les sans-droits ne soient pas oubliés, pour que la liturgie soit belle et vraie, pour que la fraternité soit possible … Mais générosité aussi pour des tâches d’entretien et de réfection des bâtiments, du bénévolat pour l’accueil et la catéchèse, pour la préparation des sacrements et la célébration des obsèques. Générosité encore au plan matériel quand, mois après mois, je sollicite les membres des assemblées dominicales pour participer financièrement au fonctionnement de cette paroisse. Oui, cette générosité me plaît beaucoup car elle est le reflet de la bonté du cœur, dont l’Evangile nous dit que c’est le terreau favorable à l’enracinement et à la fructification de la Parole de Dieu !
Je découvre aussi l’importance de l’histoire de la communauté de saint-Au, en particulier dans les échanges avec ceux et celles qui sont là depuis les débuts. Certes, le contexte a changé depuis 1968. Il demeure pourtant cet attachement à ce qui s’est vécu et qui continue à être présent dans notre manière d’être et de faire. Il ne s’agit pas d’une revendication identitaire, figée ou rigide, mais bien plutôt d’une ouverture au monde, à la société, à l’époque, aux attentes des uns et des autres, aux questions des plus jeunes. Attitude qui démontre la capacité d’aller de l’avant dans la logique d’une lancée originelle, et sans aucun doute originale. On pourrait parler de « souplesse » et n’y voir qu’adaptation au changement ; mais je pense que c’est bien davantage notre manière d’être charismatique au sens où nous sommes capables d’écouter et de mettre en œuvre, après discernement, ce que l’Esprit-Saint suggère à notre communauté paroissiale. Il serait certainement intéressant de voir comment, au long de ce demi-siècle, nous avons répondu aux différents appels de l’Esprit. L’une des modalités de relecture tient dans la récolte des fruits qui ont été semés par nos prédécesseurs … et Dieu sait s’ils sont nombreux et beaux ! Pourtant nous ne pouvons pas nous limiter à la récolte et à la dégustation des fruits pastoraux ; il nous faut aussi être des semeurs pour les générations à venir si nous voulons être fidèles à l’esprit de saint-Au.
En ce sens, la réflexion que nous sommes en train de mener en vue de la proposition d’un chemin pastoral pour les cinq ans à venir montre bien l’enjeu d’un itinéraire à tracer en continuité avec la mémoire, mais aussi en tenant compte de la nouveauté de notre temps marqué par la rapidaçion comme le souligne le pape François. Ce que l’on comprend comme cette accélération des modes de communiquer, de vivre, de se déplacer, qui donne l’impression qu’il faut aller toujours plus vite, passer d’une chose à l’autre, sans souci de cohérence, de sens ou d’inscription dans l’histoire et la durée. L’enjeu se formule ainsi : Il faudrait être réactif aux attentes contemporaines sans être assujetti aux modes éphémères du moment !
Est-ce un hasard si les différentes consultations que nous avons menées auprès de vous indiquent une attente forte en matière de communauté, de vie fraternelle, de relations humaines privilégiées ? Je ne pense pas que ce soit un hasard, mais bien un défi qui est donné à notre paroisse que de toujours porter le souci de la vie communautaire afin que chacun se sente accueilli, chez lui, membre de cette communauté quel que soit son parcours, son origine, sa situation. Dans Amoris laetitia, le Pape écrit : « Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite. » (N° 297). L’Eglise, comme notre paroisse, n’a pas vocation à exclure mais bien davantage à intégrer.
Ainsi, la première étape de ce chemin pastoral pourrait consister en une fraternité intégratrice. Cela se traduit par exemple dans la manière de faire le bilan de son activité. En effet, chaque groupe procède à son auto-évaluation et fait remonter à l’équipe pastorale ses conclusions, ses questions, ses besoins, etc. Nous avons eu la chance de procéder à la relecture pastorale de nos activités où nous nous sommes laissés interrogés par la Parole de Dieu et celle de nos frères, par la mission qui nous est confiée. Pourquoi ne pas prendre comme axe de relecture l’apport à la fraternité et à la communauté dans ce que nous sommes et ce que nous faisons ? C’est ce que nous essaierons de mettre en place en cette fin d’année pastorale … avec la perspective d’inviter des représentants de chacun des groupes et services à la session de rentrée de l’équipe pastorale pour que nous tracions ensemble la thématique de l’année prochaine.
Déjà, cependant, on peut mettre en œuvre des temps et des lieux fraternels. Pour ma part, je participe à trois types d’activités où l’amitié fraternelle se construit de manière privilégiée. Lors des célébrations eucharistiques en semaine, avec la dizaine de fidèles qui sont présents, nous portons dans notre prière les intentions de la paroisse, nous prions pour ceux qui nous sont recommandés ou ceux dont on sait les situations difficiles … Une fraternité qui se construit dans la communion eucharistique. Ensuite, avec quelques « scientifiques », nous réfléchissons une fois par mois sur l’articulation « science et foi » en nous éclairant mutuellement par nos lectures et nos recherches … Une fraternité dans une quête commune de la vérité. Et enfin, avec quelques paroissiens, un groupe où nous lions convivialité, échanges et débats sur des questions que l’on se pose … Une fraternité qui prend le temps de la rencontre et de l’écoute des autres.
La paroisse est donc un lieu privilégié pour des activités fraternelles. On peut rejoindre les groupes de solidarité, les groupes de lecture d’un livre théologique ou spirituel, les groupes de partage de la Parole de Dieu, les groupes de formation, etc. Mais on peut aussi innover, comme on l’a vu avec le pèlerinage au Mont saint Michel. A mon sens, l’important est de trouver l’implication fraternelle qui permettra que je me sente membre de cette communauté !
J’espère que ces lignes expriment clairement ma gratitude pour la confiance que m’a faite Mgr d’Ornellas en me nommant curé de cette paroisse et pour ce que je découvre comme richesses en fréquentant au quotidien des chrétiens aussi divers qu’intéressants, mais qui se retrouvent dans ce propos pastoral si particulier que l’on développe à saint-Au. Merci d’avancer ensemble sur ce chemin, afin que l’on témoigne du bonheur de vivre en frères et que l’on trouve l’énergie spirituelle pour aller à la rencontre de ceux que Dieu met sur nos routes … ce prochain, souvent blessé, de qui nous devons nous approcher pour en prendre soin.
Avec mon amitié fraternelle
Norbert-Marie Sonnier, curé de la paroisse (Mai 2016)